Après New York et l’Asie lors des deux précédentes éditions, le 6e voyage d’étude annuel organisé par FEDIL-ICT a décidé en cette année 2018 de revenir à ses fondamentaux en choisissant de passer une semaine dans la Mecque de l’innovation : la Silicon Vallée ainsi que la région de Seattle.

Pourquoi ce choix

La Silicon Valley est encore aujourd’hui considérée comme le hub technologique de la planète : 3 des plus grosses capitalisations boursières au monde y ont été créées (Apple – Google/Alphabet et Facebook) et cette zone géographique s’étendant sur seulement 40 km de long attire le plus grand volume d’investissement pour start-ups au monde (Venture Capital). Ce flux d’investissements se fait principalement aujourd’hui autour de 3 thèmes que sont l’Intelligence Artificielle (IA), le Big Data et la robotique et contribue au maintien de l’attractivité de cette zone en perpétuelle réinvention.

Seattle de son côté est l’autre gros cluster technologique de la côte ouest américaine. Certains vont jusqu’à dire que malgré les 1.300 km de distance, cette zone ne fait qu’un avec la Silicon Vallée.

Nous n’irons pas jusque là d’autant plus que la différence d’approche et de mentalité entre ces 2 régions est importante : en effet la Silicon Vallée s’est focalisée historiquement dans la production de l’infiniment petit (notamment les microprocesseurs) alors qu’inversement Seattle s’est occupé de l’infiniment grand (avec l’influence de l’industrie aéronautique et particulièrement Boeing). Et cette différence d’approche est encore visible aujourd’hui puisque Seattle est une ville où l’on sent l’influence de ses 4 grosses locomotives (Amazon, Microsoft, Boeing et Starbucks).

Les objectifs de ce voyage d’étude 2018

Notre délégation était composée de 23 hauts responsables du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), du secteur bancaire, industriel, de représentants du gouvernement et de l’Université du Luxembourg. Chacun avait bien entendu des centres d’intérêt propres et un rapport à la technologie différent. Néanmoins, les objectifs suivants étaient partagés par notre délégation :

  • Comprendre les composants au développement d’un écosystème TIC performant tels que les facteurs clefs de réussite ou approches innovantes dans une optique réplicable au Grand-Duché.
  • Promouvoir le Luxembourg pour renforcer les collaborations internationales dans les entreprises ou dans le monde académique ainsi que favoriser l’accélération de l’écosystème luxembourgeois.
  • Approfondir le thème de l’Intelligence Artificielle et du Big Data en rencontrant spécifiquement dans ce domaine les fleurons américains.

Ainsi c’est une semaine en 2 temps – d’abord à Seattle puis à San Francisco et sa région qui nous donna l’opportunité de nous immerger dans cette culture business américaine et de rencontrer certains grands noms du monde économique et du monde universitaire.

Seattle

Visites & événements


  1. Boeing
  2. Microsoft
  3. Amazon & Amazon Go

Microsoft

Campus de Redmond, banlieue de Seattle, État de Washington


La délégation s’est intéressée au sujet de l’Intelligence Artificielle par le biais d’une des entreprises les plus innovantes de la planète à l’heure actuelle : Microsoft.
Nous avons eu la chance de pouvoir les rencontrer dans leur siège regroupant 80 bâtiments et plus de 30.000 employés. Une vraie ville dans la ville.

L’idée de Microsoft dans le domaine de l’IA est la suivante : plus que toute autre technologie précédente, l’Intelligence Artificielle a le potentiel d’étendre nos capacités, en nous donnant les moyens à tous d’en faire plus.

Qu’est-ce que l’IA selon Microsoft ?

L’Intelligence Artificielle détecte, traite et agit intelligemment sur les informations, en apprenant et s’adaptant au fil du temps. Lorsqu’elle est conçue en plaçant les personnes au centre, l’Intelligence Artificielle peut étendre vos capacités, vous libérer pour vous permettre de vous concentrer sur des tâches plus stratégiques et créatives, et vous aider, vous ou votre organisation, à en faire plus.

Néanmoins, là où nos interlocuteurs de Microsoft ont réellement mis l’accent durant les diverses présentations auxquelles nous avons assisté dans la journée, c’est avant tout sur la conception axée sur l’être humain de leur Intelligence Artificielle.

Il est vrai que cela de prime abord a surpris notre délégation, beaucoup plus habituée aux discours techniques voire commerciaux sur ce sujet.

Or à bien y réfléchir, l’éthique et la conception sont indissociables. La technologie de l’Intelligence Artificielle devrait non seulement être transparente, sécurisée, inclusive et respectueuse, mais elle devrait aussi garantir le plus haut niveau de protection de la confidentialité. C’est donc un manifeste pour une IA plus humaine qu’essaye de mettre en avant Microsoft autour des 6 piliers suivants :

  • Créer en toute transparence : utiliser des machines intelligibles pour former les utilisateurs sur la façon dont la technologie reconnaît et analyse les informations
  • Garantir la dignité : donner priorité à la préservation des engagements culturels et à la promotion de la diversité
  • Concevoir en respectant la confidentialité : adopter des protections qui sécurisent les informations personnelles et organisationnelles de manière à instaurer la confiance
  • Encourager la responsabilisation algorithmique: Créer de nouvelles technologies en gardant les attentes et les imprévus à l’esprit.
  • Se prémunir contre la partialité : assurer une recherche représentative et appropriée pour que des heuristiques incorrects ne servent pas à discriminer.
  • Augmenter les capacités humaines : concevoir une technologie qui aide l’humanité et respecte l’autonomie humaine.

Voici en quelques mots la philosophie globale de Microsoft sur ce sujet passionnant.

La délégation n’a pas manqué de réagir à ces éléments notamment en s’interrogeant sur le rôle que devait avoir les gouvernements sur ce thème ou encore sur le regard depuis l’Amérique sur l’implémentation du RGPD.

Enfin les discussions furent poursuivies afin d’évaluer les opportunités de collaboration avec Microsoft au niveau local.

Amazon

Campus au Cœur de Seattle, Seattle, état de Washington


Après notre rencontre avec Microsoft, nous avons eu le privilège de rencontrer l’autre acteur majeur de Seattle dans les nouvelles technologies, et quel acteur : Amazon !

Difficile de trouver le terme adéquat pour décrire le gigantisme qu’atteint aujourd’hui Amazon :

  • Un chiffre d’affaires proche de 178 milliards d’USD
  • 5 milliards de livraisons en 2017
  • 566.000 employés dans le monde
  • Une capitalisation boursière qui se rapproche des 1.000 milliards d’USD

Nos objectifs en les rencontrant durant presque une journée étaient les suivants :

  • Comprendre ce que met en place Amazon pour opérer un business ayant atteint aujourd’hui une telle taille
  • Discuter de leurs initiatives dans le domaine de l’Intelligence Artificielle avec notamment leur produit Amazon Echo et son assistant vocal Alexa
  • Visiter leur magasin Amazon Go, automatisé et futuriste qui propose quelque chose de différent à ses clients : pas de caissiers !

Finalement lors de notre visite, nous avons compris le point suivant : Amazon malgré sa taille gigantesque fait tout pour opérer encore aujourd’hui comme une start-up, ou plutôt comme ce qu’ils appellent une DAY 1 company.

C’est à dire une entreprise venant de naître et ayant encore tout à prouver.

FEDIL-ICT DAY 1

Tout est mis en place pour que cette culture si singulière se perpétue : de la taille des équipes projets au minimum de strates managériales, tout est fait pour conserver un rendement et une efficacité opérationnelle maximale.

Un exemple assez incroyable du culte de la performance de cette entreprise est le suivant : les chiens sont librement admis dans l’entreprise et peuvent déambuler où bon leur semble. Ainsi cela permet aux employés de ne pas se soucier de cela et d’être encore plus focalisés dans l’atteinte de leurs objectifs.

Au delà de cette culture, nous avons discuté des initiatives autour de l’Intelligence Artificielle principalement par le biais de ce qui est fait autour de leur enceinte connectée : Echo et son assistant vocal Alexa.

Nous avons eu une démonstration des capacités assez bluffantes de l’enceinte pour appeler un proche, commander un produit, lancer sa musique favorite ou déclencher un minuteur.

Il est clair que le futur imaginé par Amazon se fait par une interaction homme / produit par la voix et plus par la main comme c’est le cas aujourd’hui. En effet la voix nous permet d’économiser du temps. Et c’est la manière la plus naturelle de demander quelque chose. Un ordre simple, une action concrète : c’est Alexa.
Amazon de ce fait imagine un futur connecté avec des produits dormants capables d’écouter et d‘interpréter les demandes des individus.

Les principales questions de notre délégation ne se situaient pas autour des possibilités immenses offertes par le produit et son écosystème de développeurs (plus de 12.000 interactions de la commande d’un UBER à son application favorite de méditation), mais plus autour de la confidentialité des échanges.
Amazon s’efforça de confirmer cette confidentialité totale par le biais d’un mécanisme qui ne permet à l’outil d’écouter la conversation qu’après avoir dit le mot-clé Alexa.

Après cette session, nous avons eu la chance de tester le magasin Amazon Go qui est désormais complètement opérationnel et ouvert à tous les habitants de Seattle. La seule nécessité pour entrer est d’avoir un smartphone avec l’application Amazon ! Car aucun caissier ne pourra procéder à l’encaissement. Tout se fait automatiquement par le biais du compte. Le shopper rentre dans le magasin, rempli son panier et sort tout simplement.

La délégation en fut bluffée et beaucoup d’entre nous sont même allés jusqu’à acheter quelques articles pour observer cela.

Techniquement le magasin semble quadrillé par des caméras et autres sensors au plafond capables d’interpréter le contenu du panier. Au delà du gain de place permis par la non-présence de caissiers, ce type de magasin permet un meilleur approvisionnement des produits. En effet en temps réel, l’inventaire est connu et les piques d’achats et préférences clients également.

Il apparaît de ce fait plus simple de s’assurer d’un réassort fréquent collant aux préférences des gens.

Amazon a déjà annoncé l’extension de ce concept dans quelques villes aux États-Unis et espère d’ici quelques temps lancer également des magasins en Europe… à suivre!

San Francisco

Visites & événements


  1. Nvidia
  2. Bill Reichert Q&A – Managing Director Garage Venture Capital
  3. Rocket Space
  4. Tesla
  5. Stanford Robotics Lab
  6. Networking : Jeudi 10 mai, le Luxembourg Trade and Investment Office – San Francisco a organisé une réception officielle au consulat du Luxembourg en présence de M.Pierre Franck, Consul Général du Luxembourg. Cette réception fut une occasion unique d’échanger avec un certain nombre de start-ups de la Silicon Valley ainsi que de nombreux influenceurs présents pour l’occasion. Lors de cette soirée, Gérard Hoffmann, Chairman FEDIL-ICT, a profité de cette opportunité pour présenter notre délégation ainsi que les moments forts de notre voyage.
  7. Networking : Vendredi 11 mai, la délégation fut conviée à un évènement de grande ampleur : la grande finale de la start-up World Cup. Cet évènement annuel fait référence à une série de conférences associées à des compétitions internationales. Son but est d’interconnecter l’écosystème de start-ups à l’échelle mondiale, en incitant les entrepreneurs les plus talentueux à se confronter pour remporter la prestigieuse Start-up World Cup et son prix d’une valeur de 1.000.000 d’USD en investissements. 32 évènements nationaux ont été organisés et ont permis la sélection d’autant de start-ups qui se sont affrontées lors de cette finale. Le Luxembourg était représenté par la société LargoWind et sa solution ConnectedRope qui permet de garder un œil distance sur son bateau et sécurisant le mouillage de ce dernier.

Nvidia

La plateforme matérielle et logicielle méconnue, mais au cœur de la transformation de l’AI, Santa Clara, Californie


Après nos réunions à Seattle, nous avions tous hâte d’aller dans la Silicon Valley et discuter avec les entreprises les plus avancées au monde dans l’Intelligence Artificielle.

Notre première réunion qui marqua fortement la délégation fut chez Nvidia.

Entreprise assez méconnue par le grand public, Nvidia est un acteur fondamental de la transformation digitale en cours soutenue par l’IA.

NVIDIA est le pionnier du calcul accéléré, une technique plébiscitée par les utilisateurs les plus exigeants au monde – des chercheurs aux concepteurs en passant par les infographistes et les joueurs. En créant en 1999 le GPU (Graphics Processing Unit ou Processeur Graphique), Nvidia a permis l’avènement de l’informatique visuelle et ouvert une nouvelle voie aux performances de calcul naguère rythmées par la loi de Moore.

En s’adaptant aux nombreuses exigences de l’industrie et aux demandes toujours plus importantes en matière de puissance 3D, Nvidia a fait évoluer ses processeurs graphiques en véritables cerveaux numériques pour la réalité virtuelle, le calcul haute performance et l’Intelligence Artificielle.

Trois forces convergentes ont suscité l’ère de l’IA selon Nvidia : la disponibilité d’immenses banques de données, l’invention des algorithmes de Deep Learning et les performances sans précédent du calcul sur GPU.

De nouveaux services connectés comme Google Assistant ont popularisé la reconnaissance vocale. Les voitures sans conducteur s’appuient sur le Deep Learning pour se repérer sur la route avec davantage de précision et reconnaître les passagers avec un maximum d’efficacité. Dans le domaine de la santé, des réseaux de neurones préalablement entraînés avec des images médicales peuvent analyser des IRM et obtenir des résultats auparavant réservés aux biopsies invasives.
Ainsi les applications de l’IA sont nombreuses et furent démontrées avec brio par nos interlocuteurs.

FEDIIL-ICT NVIDIA

Selon ces derniers, l’Intelligence Artificielle va lancer une vague de progrès sociaux que nous n’avions pas connus depuis la révolution industrielle :

À titre d’exemple, l’industrie du transport, sera bientôt transformée par l’intégration imminente des véhicules autonomes. Nvidia est aujourd’hui capable de simuler sur ordinateur la réaction de conducteurs ou du véhicule à tout un tas de changement de facteurs comme l’emplacement des autres véhicules, le tracé de la route ou l’emplacement du soleil. Ceci nous fut démontré et permet de nombreux tests virtuels avant le passage au test physique qui est très coûteux.

Ceci n’est qu’un exemple de la puissance de calcul qu’apporte Nvidia et la transformation que cela engendre. En outre ils ont miniaturisé un supercalculateur qu’ils ont appelé Jetson qui fournit plus d’1 teraflop de performances de calcul dans un module de la taille d’une carte bancaire. Une telle puissance disponible va permettre d’automatiser un plus grand nombre d’opérations de production industrielle, avec notamment des drones d’inspection et des robots de livraison.

Là encore, des discussions autour de partenariats et une collaboration avec un certain nombre d’entreprises présentes dans la délégation fut à l’agenda de la fin de notre session avec Nvidia et nous espérons que cela débouchera dans un avenir proche à des projets d’IA made in Luxembourg !

Stanford Robotics Lab

Stanford, Californie


Stanford est une université américaine que l’on ne présente plus. Elle attire chaque année les cerveaux les plus brillants du monde et son activité de recherche a permis notamment l’élaboration d’internet ou la création de fleurons tels que Cisco, Google, SUN Microsystems ou Yahoo!. Parmi ses professeurs ou chercheurs, on compte plus de 20 prix Nobel.

Pluridisciplinaire, nous avons choisi avec la délégation de nous intéresser à la partie robotique et Intelligence Artificielle de l’université en rencontrant son directeur Ossama Khatib, probablement l’un des plus grands spécialistes au monde de ces 2 sujets.

L’objectif du laboratoire se situe au croisement de la recherche fondamentale et de l’application dans le monde réel. Ainsi depuis plusieurs décennies, Ossama et ses équipes essayent de modéliser au mieux les mouvements humains afin de pouvoir les simuler sur des robots ou de reproduire les sensations tactiles de ces derniers.

Le dernier projet en date de l’équipe se nomme Ocean One. Les domaines d’application des robots sont très nombreux, de la santé à la production industrielle. L’idée d’Ocean One est de concevoir un robot à même de remplacer les plongeurs dans les opérations dangereuses de fouilles subaquatiques abyssales et d’effectuer à des profondeurs allant de 100m à potentiellement 2.000 m un travail d’archéologie sous-marine.

L’Ocean One est un prototype humanoïde de 2 m de long et de 180 kg qui possède une tête et deux yeux où sont disposés des caméras, 2 bras articulables et huit hélices multidirectionnelles permettant une bonne manipulation à distance.

Sa construction fut menée par le laboratoire de Stanford dans le but d’effectuer une mission à 90 m de profondeur afin de fouiller l’épave du navire Lune, navire de la marine de guerre de Louis XIV qui s’échoua au large de Toulon en 1664.

C’est la toute première fois qu’un robot sous-marin humanoïde descend, en tant qu’archéologue, à une telle profondeur. Et lors de cette mission, le premier objet remonté, par le robot plongeur humanoïde, est un petit pot catalan du 17e siècle. En démontrant la capacité du robot contrôlable à distance à explorer «La Lune» comme l’aurait fait un archéologue à des profondeurs interdites à l’homme, l’Université de Stanford et ses partenaires ont ainsi pu démontrer au monde entier la disponibilité de la technologie robotique tout comme les capacités immenses qu’elle ouvre à notre civilisation.

En effet, Ocean One n’est qu’un exemple qu’employa Oussama Khatib pour démontrer à notre délégation qu‘une nouvelle génération de robots intelligents est en train de voir le jour et permettre des avancées techniques, industrielles ou sociétales fondamentales.

Principales conclusions

À l’issue de son voyage, la délégation a fait une session de débriefing dont l’objectif a été de mettre à plat les observations faites pendant le voyage et de dresser les principales conclusions qui pourront alimenter la note de recommandations adressée au gouvernement et discutée lors de la rencontre annuelle avec celui-ci.

  1. Identifier les facteurs clés de succès : Le premier intérêt de ce type de voyage est la capacité qu’il offre à sortir de son quotidien et prendre du recul. Il permet également l’écoute active d’entreprises, d’instituts ou d’universités modèles dans leur domaine. Ainsi la richesse des échanges avec les différents intervenants rencontrés et la visite de différents sites a permis de mieux appréhender les facteurs clés qui contribuent à faire de la côte Ouest des États-Unis la Mecque de l’innovation. On y trouve un écosystème riche permettant l’accès aux grandes idées, l‘accès au talent, l’accès au capital et l’accès aux clients. Ce sont ces 4 ingrédients qui permettent l’émergence d’un écosystème composé d’entrepreneurs, de mentors, d’investisseurs, d’incubateurs, d’universités, d’entreprises… Il apparaît de ce fait clair que les pistes de réflexions prioritaires à mettre en œuvre concernant le Luxembourg et son ambition de start-up nation doivent se faire autour de ces 4 piliers.
  2. Promouvoir : La promotion du Luxembourg à l’étranger doit être renforcée car chacun de nos interlocuteurs connaît le Luxembourg, mais ne sait pas dire ce qui différencie le Grand-Duché des autres nations européennes. Or à chaque réunion lorsque nous prenions le temps d’énumérer les avantages du Luxembourg, nos interlocuteurs étaient ébahis par les possiblités offertes par notre pays.
  3. La concurrence est globale : Mange ou sois mangé ! La survie des acteurs privés dépend de leur capacité à se maintenir et à se développer dans un marché de plus en plus compétitif et global. Il est donc important que les acteurs luxembourgeois s’appuient sur leur masse critique pour viser une expansion à l’international.
  4. La course au talent : Thème connexe à la concurrence globale, les entreprises sont en train d’opérer une réelle course à l’intelligence, cette fois réelle et non artificielle. En effet le volume de talents sur l’IA est assez limité et les entreprises pour soutenir leurs ambitions font le maximum pour attirer dans leurs filets les meilleurs candidats. Une inflation galopante des salaires de ces spécialistes est déjà en œuvre aux États-Unis. Le Luxembourg tout comme ses entreprises doit de ce fait mettre l’accent sur l’acquisition de ces talents rares tout comme sur la formation continue des employés déjà en poste. Autrement il sera impossible de trouver le vivier de travailleurs suffisants à la bonne execution des projets innovants.
  5. Intelligence Artificielle – la révolution est en marche : Nous avions des doutes avant le voyage sur l’Intelligence Artificielle. Pas de doutes sur son intérêt à terme ni sur les promesses de la technologie, mais plus sur l’existence de réels projets industriels dans ce domaine : allions-nous voir des entreprises faire des projets expérimentaux ou allions-nous vraiment observer des applications business existantes changeant réellement la donne ? Il nous apparaît clair après cette semaine de voyage et de rencontres que nous ne sommes plus dans le buzz mais clairement dans les prémices d’une révolution. De ce fait, nous pensons qu’il y a une réelle urgence à investir ce terrain pour les entreprises luxembourgeoises, car la concurrence n’attend pas. L’Intelligence Artificielle est aujourd’hui en train de transformer en profondeur les entreprises et leurs produits. Elle transforme également aujourd’hui notre expérience en tant que consommateur. Le Luxembourg ne peut ignorer ces évolutions d’autant plus qu’il bénéficie d’un terrain fertile à l’expérimentation, non seulement de par sa taille et son agilité mais aussi par l’existence d’un environnement ICT déjà bien implanté dans certains domaines avec la présence de sociétés leaders, d’opérateurs Télécom et d’intégrateurs de premiers plans et au-delà, d’une filière intégrée et structurée dans le secteur des data centres. La délégation juge important que le gouvernement luxembourgeois se penche sur les sujets de l’Intelligence Artificielle et évalue la possibilité de mettre en place des initiatives dans ce domaine.

Conclusion : La grande Silicon Valley si on peut la prénommer ainsi, de Seattle à San José présente un intérêt stratégique pour le Luxembourg. Son leadership technologique, sa R&D et son innovation en font une zone clé pour appréhender le monde de demain.

Au terme de ce voyage, nous sommes encore plus convaincus que le monde de demain sera un monde automatisé, robotisé et numérisé. Le Luxembourg doit rapidement investir le terrain de l’IA pour maintenir son leadership digital et rester une zone d’accueil et d’investissements dans le domaine de l’ICT.

Nous espérons que les liens établis et les efforts menés lors de ce voyage permettront d’apporter à nos interlocuteurs une meilleure compréhension des atouts du Luxembourg et permettront le renforcement des liens commerciaux entre les 2 zones.

Nous tenons également à souligner l’excellent travail mené au travers du consulat et du LTIO notamment pour les mises en relation et les évènements networking.

Interview avec Laurent Federspiel

Director Business DeveloPment and Cluster initiative, Luxinnovation

Quelle a été votre impression globale de ce voyage et sa contribution à assurer la promotion du Luxembourg à l’étranger ?

Le voyage exploratoire organisé par la FEDIL s’inscrit parfaitement dans la stratégie de promotion du Luxembourg et de sa diversification économique. Le Luxembourg n’apparaît guère sur la carte mondiale des « key players » technologiques, aussi toute initiative de se positionner et de se présenter à l’ échelle internationale ne peut qu’avoir un effet positif.

Concernant le voyage FEDIL-ICT 2018, je félicite toutes les personnes impliquées dans l’organisation : le choix de la thématique autour de l’AI, ainsi que les visites programmées étaient d’une qualité exceptionnelle. Ce voyage annuel permet à chacun d’ouvrir son esprit et de s’inspirer des nouvelles tendances technologiques et des modèles d’affaires.

De fait, je crois opportun d’élargir le cercle des participants afin de stimuler encore davantage la motivation des décideurs économiques du Luxembourg sur l’implémentation des nouvelles stratégies et des projets correspondants pour assurer la compétitivité des secteurs dans le futur.

Quelle réunion vous a le plus marqué et pourquoi ?

La présentation de Nvidia a clairement démontré sa volonté de se positionner sur le marché des voitures autonomes. Les efforts réalisés et les investissements planifiés sont révélateurs de la détermination de Nvidia à conquérir ce marché. Ses alliances stratégiques avec les OEM’s les plus reconnus tend à prouver que Nvidia – un producteur de cartes graphiques pour les jeux vidéos – s’est profondément renouvelée en offrant un service complet axé sur la voiture robotisée. Nvidia est devenu un acteur incontournable dans cet écosystème des voitures robotisées. En conclusion, aujourd’hui les grandes innovations dans les marchés ne sont pas produites par les grandes entreprises confirmées dans ce secteur (Conti, Bosch, Siemens, Delphi, …) mais plutôt par des outsiders du domaine.

Le Luxembourg souhaite devenir une start-up nation. Quels ingrédients spécifiques à la Silicon Vallée pourrait-elle reprendre à son compte afin d’accomplir cette vision ?

Si nous comparons la taille des USA à celle du Luxembourg, je peux affirmer que nos efforts dans le domaine des start-ups surpassent largement ceux des USA. Je ne crois pas qu’on peut planifier une start-up nation à partir d’une page blanche sans intégrer tous les atouts nécessaires pour réaliser cet écosystème. Au-delà des jolis « Dôme » – certes petits bijoux architecturaux – il faut tout d’abord susciter l’envie de se lancer dans un projet à risque. Or, de manière générale, sauf exception, le goût du risque en matière entrepreunarial n’est pas toujours séduisante pour notre jeunesse. Cette notion est encore absente des stratégies d’apprentissage envisagées par les services publics et l’environnement familial. Il y a un énorme travail à réaliser en terme de culture économique-sociale. C’est le prochain défi collectif de notre société.

Les auteurs
Maxime Dubois
Conseiller auprès de la FEDIL
maxime.dubois@fedil.lu