« Pour une vie balancée » – la devise qui se cache derrière le nom de marque Provilan® traduit parfaitement l’ambition de l’entreprise Probiotic Group : créer des produits éco-responsables d’une nouvelle génération dans le domaine de l’entretien, de l’hygiène et des soins.
Le projet industriel remonte à une idée de Martin Schoonbroodt Sr.,
père du Co-CEO Martin Schoonbroodt Jr., d’utiliser des probiotiques pour lutter contre la résistance microbienne. Dans son quotidien de médecin, évoluant en milieu médical, il était fréquemment confronté à la problématique des infections nosocomiales qu’on essaie de contrer avec toutes sortes de désinfectants chimiques et antibiotiques. Face à la résistance de ces germes et aux méfaits écologiques de l’usage abusif de produits chimiques agressifs, le docteur Schoonbroodt envisageait une approche disruptive faisant appel à des biotechnologies nouvelles.
Si les probiotiques étaient jusqu’alors utilisés essentiellement comme compléments alimentaires, par exemple dans des yaourts ou des gélules pour renforcer la santé intestinale, son idée était d’intégrer ces micro-organismes actifs dans des solutions nettoyantes pour éliminer des résidus organiques et éviter la prolifération de bactéries pathogènes.
De quoi s’agit-il ? En biotechnologie, on distingue entre bonnes et mauvaises bactéries. Présentes en quantités suffisantes, les bonnes bactéries, principalement lactiques, s’alimentent de matière organique et privent de source d’alimentation les autres bactéries du milieu, dont certaines sont potentiellement dangereuses. Ce qui endigue le développement de ces dernières. D’autres effets bénéfiques sont également observés comme l’action enzymatique permettant un nettoyage plus efficace et une destruction d’odeurs instantanée.
Avec la création de leur start-up en 2016 à Beiler dans le nord du Luxembourg, père et fils se sont donc lancés dans un projet scientifique nécessitant des travaux de Recherche, Développement et Innovation de longue haleine. Leur concept entrepreneurial a d’ailleurs convaincu le LIST (Luxembourg Institute of Sciences and Technology) et le LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine) de l’Université du Luxembourg, dont les chercheurs collaborent dès lors aux travaux de recherche. Le projet de RDI a également suscité l’intérêt du gouvernement luxembourgeois qui justement essaie de promouvoir le secteur Healthtech comme un pilier de diversification et de croissance du tissu économique au Luxembourg. Au bout de deux années de négociations avec le ministère de l’Economie, la jeune entreprise qui continue de préfinancer ses travaux, s’est vu octroyer une aide étatique relative à son projet de RDI.
Au bout de deux années aussi de recherche, l’entreprise avait mis au point son prototype qui est à la base de sa gamme de produits pour des applications variées. Commercialisés sous le nom de marque Provilan® et de diverses sous-marques, Probiotic Group propose des produits d’entretien naturels permettant un nettoyage domestique en profondeur, des produits de nettoyage pour les établissements médicaux, paramédicaux et sportifs, des produits naturels pour les soins et l’hygiène des animaux domestiques ainsi que des probiotiques pour fosses septiques, milieux aquatiques et pour industries. Tous ces produits ont la vertu d’être hautement écologiques et biodégradables, de permettre un nettoyage sûr en profondeur et de contribuer à réduire la part de matières chimiques et toxiques utilisées au quotidien.
Ces produits s’écoulent, d’une part, vers les professionnels, tels que les entreprises de nettoyage, des établissements de santé, des centres de fitness, l’hôtellerie, des pharmacies ou encore des vétérinaires. D’autre part, une partie de la production est commercialisée sous la marque propre de certains distributeurs, le plus souvent dans un segment de marché premium. Dans ce cas, certains ajouts comme des parfums et des tensioactifs ou encore les emballages sont élaborés en collaboration avec le client-distributeur. Et à chaque nouvelle composition, des analyses approfondies sont nécessaires pour assurer que la formule de base et donc les résultats du produit ne s’en trouvent pas altérés. « Quelle que soit la filière de distribution, nous garantissons que nos ingrédients sont éco-responsables et que nous utilisons des matières recyclées et recyclables provenant de circuits courts pour le conditionnement » précise Martin Schoonbroodt. « À titre d’exemple, pour nos flacons nous utilisons du plastique recyclé qui provient de déchets plastiques de l’industrie automobile ». En ce qui concerne la part de marché, 60% du chiffre d’affaires sont générés par des ventes dans les pays germanophones – Allemagne, Autriche, Suisse – et 20% par des ventes dans les pays nordiques, 10% sont attribuables au marché français, 10% partagés entre l’Italie et le Benelux. Cette répartition géographique traduit clairement la propension des consommateurs germanophones et nordiques à acheter des produits naturels, respectueux de l’environnement et laisse entrevoir un potentiel de marché substantiel dans les autres régions, à condition d’y changer les habitudes. Si les concurrents de Probiotic Group sont peu nombreux, l’entreprise a l’avantage de gérer à elle seule tous les maillons de la chaîne de production, de la recherche jusqu’à l’étiquetage et la vente. L’entreprise a une position de pionnière dans le milieu de la microbiologie, surtout sur le plan technique.
Aujourd’hui, Probiotic Group emploie 24 salariés avec une moyenne d’âge de 33 ans, dont des microbiologistes, chimistes, vétérinaires mais aussi juristes et commerciaux. La jeune équipe paritaire qui vient d’horizons très variés, est répartie sur le site de Beiler près de Weiswampach qui héberge un laboratoire, les installations de production ainsi que les bureaux et infrastructures logistiques de l’entreprise, et depuis 2021, au House of Biotech à Esch-Belval, où l’entreprise opère un autre laboratoire et profite de la proximité avec l’Université et le LIST. « Trop souvent encore nos interlocuteurs dans les ministères et les administrations rechignent à venir nous rendre visite dans le nord, à une bonne heure de la capitale. Ce qui est dommage ! »,
regrette Martin Schoonbroodt. Le jeune entrepreneur est en effet très fier de son entreprise qui produit entre 12.000 et 20.000 bouteilles par mois. La pandémie du Covid-19 et la sensibilisation accrue à la sécurité sanitaire qui en a résulté, a ouvert une autre dimension au succès de la start-up.
Fort d’une base de données de quelque 800 bactéries identifiées comme ayant des effets positifs pour l’environnement et la santé, Probiotic Group ne relâche pas pour autant ses efforts de recherche. Car c’est au cours de ces travaux que de nouvelles connaissances émergent. Ainsi, il est apparu que les solutions à base de probiotiques permettent d’éliminer les mauvaises odeurs et se prêtent donc à une application dans les systèmes de ventilation. De même, il a été observé que la formule pouvait atténuer des allergies respiratoires liées à la présence d’acariens ou de poils d’animaux. Une autre application a été développée pour répondre à des besoins spécifiques tels que le traitement des eaux et des sols pollués ainsi que la réduction de boues et de matières organiques dans les stations d’épuration.
Les champs d’application sont donc loin d’être épuisés. Il est évident que ces perspectives prometteuses ont joué dans la récente levée de fonds de 2,5 millions d’euros auprès de deux investisseurs belges, correspondant à une prise de participation de 20% dans la société. Ce capital est destiné à consolider l’avenir à long-terme de l’entreprise sur le sol luxembourgeois et à ancrer ses produits verts éco-responsables comme la nouvelle norme dans les habitudes hygiéniques. L’équipe travaille d’ailleurs déjà activement à développer une gamme cosmétique verte de gels douche, shampoings et crèmes de jour, destinée à l’hôtellerie et au secteur du bien-être.