Si le commerce international est un pilier fondamental de l’économie européenne, cette vérité est encore plus évidente pour le Luxembourg. Notre prospérité dépend des échanges avec nos partenaires commerciaux. Alors que nous faisons face à des défis croissants liés à la géopolitique et aux transitions énergétique et technologique, il est crucial de mettre en place des accords commerciaux soutenant nos activités exportatrices et favorisant une diversification de nos sources d’approvisionnement et l’accès aux ressources nécessaires pour réussir ces transitions. Un regard sur la carte des pays de provenance des principales matières premières critiques suffit pour comprendre les enjeux.

Cependant, l’Union européenne semble rencontrer des difficultés à avancer sur cette question essentielle. Au lieu de faciliter le commerce, une série de nouvelles règles et lois européennes tend à restreindre les sources d’approvisionnement disponibles pour nos entreprises. Dans un contexte où nos industries dépendent fortement des exportations et des importations, ces obstacles ne font qu’accroître la complexité de nos opérations tout en freinant l’activité économique, y compris sur les grands chantiers d’avenir.

Du point de vue de nos entreprises et en tenant compte des distorsions pouvant résulter d’interventions étatiques chez nos partenaires commerciaux, il est impératif d’insister sur un « level playing field » qui garantisse des conditions équitables pour tous les acteurs économiques. Mais la recherche d’un certain niveau d’équité ne saurait être prétexte à vouloir taxer ou entraver les importations pour compenser des faiblesses structurelles ou de mauvais choix politiques en Europe. Une telle approche erronée risquerait non seulement d’augmenter les coûts pour les consommateurs et les entreprises, mais aussi de nous isoler sur le marché mondial.

Après l’adoption d’un cadre législatif européen ambitieux insistant sur le respect de toute une série de critères ESG dans les relations commerciales que nos entreprises entretiennent directement ou indirectement avec le reste du monde, on peut questionner l’opportunité de vouloir réintroduire ces mêmes critères dans les accords commerciaux. Évitons d’alourdir les négociations commerciales d’exigences redondantes qui pourraient entraver notre capacité à conclure des accords.

Pour assurer un avenir prospère à l’économie luxembourgeoise et européenne, nous devons donc encourager l’élaboration de politiques commerciales qui soutiennent l’ouverture des marchés, tout en veillant à ce que nos entreprises puissent naviguer dans un environnement géopolitique complexe qui requiert une meilleure répartition géographique des risques. La FEDIL veut s’investir davantage dans le sujet politique des relations commerciales internationales, en consacrant une attention particulière aux dépendances, aux aspects de durabilité, aux opportunités et aux répercussions des distorsions qui peuvent apparaître de part et d’autre. Le temps est venu pour renforcer le dialogue avec les décideurs politiques nationaux et européens sur ces sujets.

René Winkin
Directeur de la FEDIL