Installée au Luxembourg depuis 2001, Saturne Technology est aujourd’hui l’un des leaders européens de la fabrication additive métallique et de l’usinage laser. À la croisée de secteurs stratégiques – spatial, aéronautique, défense ou encore médical – l’entreprise combine expertise, innovation et agilité.

Sur son site de production de 5.000 m² à Contern, Saturne Technology abrite un concentré de haute technologie. Fondée par Walter Grzymlas, l’entreprise s’est d’abord spécialisée dans les applications laser, comme la découpe, le soudage ou le marquage, avant d’investir massivement dans l’impression 3D métallique par fusion laser à partir des années 2010. Cette orientation pionnière qui lui vaut aujourd’hui d’être un acteur de référence en Europe dans un domaine en pleine croissance.

« Notre cœur de métier, ce sont les applications laser, la fabrication additive métallique et la mécanique de précision ainsi que la capacité à développer et à qualifier des matériaux pour des pièces critiques, souvent destinées à des environnements extrêmes », résume son fondateur. Qu’il s’agisse de composants aéronautiques, de moteurs spatiaux ou d’implants médicaux, chaque pièce est produite sur mesure, selon les plans du client ou en collaboration avec le bureau d’étude interne, garantissant réactivité et confidentialité.

Des secteurs stratégiques à haute valeur ajoutée

60% de l’activité de Saturne Technology concerne les secteurs spatial et aéronautique, civils comme militaires. Dans ces secteurs stratégiques, l’entreprise collabore avec des acteurs majeurs comme le groupe international Safran, la start-up aérospatiale française Latitude ou encore le groupe Thalès, pour n’en citer que quelques-uns, et participe à des programmes soutenus par l’Agence spatiale européenne (ESA).

Dans l’industrie spatiale, l’entreprise intervient plus particulièrement sur le marché des lancements de satellites pour le compte de constructeurs de satellites mais également d’opérateurs de systèmes de lancement. Elle fabrique principalement des composants moteurs qui peuvent représenter jusqu’à 75 % d’une fusée. La société mise surtout sur le segment en forte croissance du « New Space », avec la fabrication de moteurs complets pour micro-lanceurs, plus accessibles financièrement, capables de transporter jusqu’à une tonne de charge. Un marché en plein essor, où l’impression 3D permet de réduire les coûts, les délais, et surtout, les déchets industriels. Un marché qui est aussi constamment à la recherche de nouveaux matériaux, plus légers et plus résistants. « Saturne Technology a réussi à s’imposer comme un partenaire privilégié dans un secteur où les exigences en termes de qualité, de traçabilité et de confidentialité sont maximales », souligne Walter Grzymlas. Saturne Technology compte parmi ses clients sept entreprises européennes actives dans le lancement de petits et moyens satellites et opère majoritairement sur le marché européen. Car même si l’on fait abstraction de la politique commerciale actuelle des États-Unis, les règles applicables aux importations stratégiques vers ce pays sont tellement strictes et contraignantes qu’un fournisseur non américain se heurte à une barrière quasiment infranchissable pour accéder au marché.

À cette expertise s’ajoutent 30% de son activité dans l’industrie lourde (nucléaire, pétrole, gaz, maritime) et 10% dans le secteur médical, notamment pour la fabrication d’implants vertébraux sur mesure. Dans ces domaines aussi, l’impression 3D permet de réaliser des pièces dont la taille miniature ou la complexité de la structure ou de l’assemblage rendent difficile, voire impossible une fabrication selon les méthodes traditionnelles.

Dotée d’outils de production à la pointe de la technologie et d’un laboratoire interne d’analyse et de contrôle de la qualité, la société maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur : du prototypage à la production en série par ajout et fusion de couches successives de poudre métallique, en passant par le soudage, la découpe, le marquage et le rechargement laser. Ses imprimantes 3D industrielles fonctionnent en continu, 24h/24, et sont capables de produire des pièces complexes de très petite taille jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres cubes, voire des moteurs de 1,5 mètre en une seule impression. Cette prouesse technologique est portée par une équipe de 25 ingénieurs spécialisés. Saturne travaille des poudres métalliques certifiées à base d’acier, d’aluminium, de nickel-chrome et de titane, et développe également ses propres poudres grâce à des atomiseurs intégrés.

FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström
FEDIL, Echo des Entreprises, Zoom, Saturne Technology; Photo: Ann Sophie Lindström

Des opportunités à saisir

Pourquoi avoir choisi le Luxembourg comme base opérationnelle ? Pour Walter Grzymlas, la réponse est claire : « Au Grand-Duché, les circuits sont courts, les dirigeants accessibles et les relations avec le gouvernement directes. Cette proximité décisionnelle a été bénéfique au moment de l’implantation, mais aussi pour la demande de subventions ou encore pour la recherche d’investissements. Si notre entreprise technologique était implantée dans l’un de nos pays voisins, notre visibilité serait bien moindre. » Walter Grzymlas apprécie l’écosystème spatial luxembourgeois que le gouvernement continue de promouvoir.

La très bonne collaboration de l’entreprise avec Luxinnovation et avec la Luxembourg Space Agency encourage les synergies avec d’autres entreprises au Luxembourg et facilite l’accès aux appels d’offres européens dont les procédures sont compliquées et longues, surtout si on doit y répondre seul.

Si l’entrepreneur français apprécie le dynamisme de cet écosystème, il met toutefois en garde contre la difficulté d’obtenir des financements : les partenaires financiers traditionnels peinent à suivre le rythme de l’innovation technologique. « Les banques sont frileuses, même face à des projets solides de 10 millions d’euros », déplore le dirigeant. À l’image d’autres entreprises innovantes, Saturne Technology appelle à une simplification des circuits de validation bancaire et à un meilleur accompagnement des acteurs privés dans la conquête des marchés internationaux.

À un moment où les États débloquent d’importants budgets dans le domaine de la défense – des ressources susceptibles de stimuler l’activité du secteur – le Luxembourg doit veiller à ne pas rater le coche, en freinant l’élan des entreprises disposées à investir dans des outils de production encore plus performants et dans le développement de matériaux du futur. Et Walter Grzymlas de conclure : « Ce qui ne se fera pas au Luxembourg, se fera ailleurs. Si nous ne prenons pas les parts de marché, d’autres le feront. »