Lors de vos balades à vélo à travers le Luxembourg, vous remarquerez que les deux tiers des communes luxembourgeoises arborent le logo du Klima-Bündnis à leur entrée de village. Ce label les engage à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de manière significative d’ici 2050, en diminuant leur empreinte carbone d’au moins 95% par rapport à celle de 1990.
La lutte contre le réchauffement climatique est clairement la priorité de tous les acteurs politiques, comme en témoignent les programmes des différents partis politiques. Le gouvernement a intensifié ses efforts en accordant des aides à la mobilité, aux énergies renouvelables, aux éco-technologies, ainsi qu’à la rénovation et la construction de bâtiments éco-responsables.
Pourtant, les marchés publics accordent à peine de l’importance à cette nécessité, privilégiant depuis toujours le critère du prix, c’est-à-dire le moins disant, au détriment de la solution la plus durable. Pire encore, les cahiers des charges sont trop souvent rédigés en sous-traitance par des bureaux d’études étrangers, privilégiant des entreprises étrangères, en citant directement des noms de fabricants/fournisseurs ou en se référant à des labels et caractéristiques qui favorisent une seule entreprise, tout ceci au détriment du libre jeu de la concurrence, du contribuable luxembourgeois et de l’industrie indigène.
Notre entreprise célèbre cette année son centenaire. Nous avons arrêté nos 3 fours à chaux, fortement émetteurs de CO2 en 1965. Depuis nous fabriquons des matériaux de construction en béton pour le bâtiment et le génie civil, tels que des tuyaux d’assainissement, des blocs de maçonnerie et des pavés et dalles pour l’aménagement extérieur. L’entreprise emploie 160 personnes, qui sont toutes des consommateurs au Luxembourg ou dans la Grande Région. Nos fournisseurs de matières premières sont locaux, les rebuts de fabrication sont recyclés dans le but de diminuer notre empreinte carbone.
Dans notre métier, la principale source d’émission de carbone provient du processus de fabrication du ciment, qui nécessite des températures élevées et l’utilisation de combustibles fossiles. Par conséquent, le béton, fabriqué à partir de ciment, représente lui aussi une part de l’empreinte carbone de l’industrie de la construction.
L’industrie du ciment et du béton joue un rôle majeur dans l’économie mondiale et nationale. C’est un fait qu’elle est certes responsable d’environ 8% des émissions de dioxyde de carbone, mais face à l’urgence climatique, le secteur s’engage de plus en plus dans la décarbonation, cherchant à réduire son empreinte carbone tout en maintenant son rôle crucial dans la construction.
Des solutions prometteuses existent pour réduire ces émissions. Les recherches se concentrent sur trois domaines clés : l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le processus de production du ciment, l’utilisation de sources d’énergie alternatives et le développement de matériaux de construction plus durables.
En parallèle, notre entreprise mène des recherches pour développer des matériaux de construction plus durables et explore l’utilisation de liants alternatifs, tels que les cendres volantes ou les laitiers de haut fourneau, qui peuvent remplacer une partie du clinker sans compromettre les propriétés du béton. De plus, des techniques de captage et de stockage du carbone sont étudiées pour réduire les émissions nettes de CO2.
Toutes ces mesures ont un coût. D’ici 2024 nous investirons 3,5 millions d’EUR dans une centrale photovoltaïque couvrant notre consommation électrique totale de 2400 MWh ! Par ce projet d’auto-consommation, nous serons alors neutres en CO2 (Scope 1).
En 2021-2023 nous avons investi en plus 6,5 millions d’EUR dans l’optimisation énergétique de nos étuves et le traitement de surface de pavés et dalles afin de devancer nos concurrents étrangers tant sur le plan de la qualité que de l’esthétique.
Imaginez alors comment nous nous sentons en tant qu’industriel luxembourgeois lorsque, après avoir franchi certaines pancartes du Klima-Bündnis, nous voyons des piles de palettes entassées, provenant de nos concurrents étrangers, qui recourent de façon abusive au « greenwashing » alors que leurs produits ont été transportés parfois sur plus de 400 km.
Chers élus, pouvoirs publics et prescripteurs, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, prenez s.v.p. une position claire en faveur de l’industrie luxembourgeoise, les références de qualité et les normes sont aussi bien garanties par nos champions locaux. En ces temps critiques pour le secteur du bâtiment, l’heure est venue de serrer les rangs. Unissons nos efforts pour que tout chantier public financé par des deniers publics puisse être réalisé dans le respect des critères de durabilité, en accordant une importance accrue aux avantages inhérents des fournitures de proximité.
Il est temps de soutenir notre industrie nationale et de privilégier les solutions locales. Il est temps de réévaluer les critères de sélection des marchés publics et de placer la durabilité au cœur de nos choix. Le Klima-Bündnis et les bilans environnementaux offrent une opportunité précieuse de soutenir l’industrie indigène et de réduire véritablement notre empreinte carbone. Ne laissons pas cette chance passer.
Soyons fiers de notre industrie luxembourgeoise !