Le Luxembourg tire un tiers de son PIB directement des activités de sa place financière qui emploie quelque 51.000 personnes avec une création de 1,4 emplois induits pour chaque emploi direct. Le secteur financier fournit 4 milliards de recettes fiscales au budget dont 1 milliard pour la seule taxe d’abonnement payée sur les encours des fonds d’investissement. L’industrie financière contribue donc très largement au bien-être du pays et à sa capacité de réagir en temps de crise comme aujourd’hui. La pérennité du succès des activités de notre industrie financière revêt ainsi une importance capitale pour notre économie.
En janvier dernier, Luxembourg for Finance avait publié sa vision pour le développement de la place financière luxembourgeoise à l’horizon 2025. Depuis lors, le monde entier a été touché par une crise sanitaire globale obligeant les gouvernements sur tous les continents à imposer un confinement dont les traces sur l’économie mondiale risquent d’être profondes.
Nos ambitions ont toutefois bien résisté à cette crise inédite et restent très largement valables car nous avions choisi de les articuler autour de caractéristiques structurelles de notre industrie financière.
Comme beaucoup de crises, celle-ci a également été une mise à l’épreuve pour nous tous tout autant que pour nos systèmes, cadres réglementaires et processus opérationnels. Le secteur financier luxembourgeois a démontré sa résilience à beaucoup d’égards. Plus important encore, en restant parfaitement opérationnels, les banques, les assureurs, les gestionnaires d’actifs, les sociétés de paiement ainsi que les autorités de surveillance ont pu continuer à jouer leur rôle de soutien à l’activité économique générale au Luxembourg et au-delà. Ce rôle était vital pour maintenir la liquidité pendant la crise et sera crucial afin de lever les capitaux dont nos entreprises et nos gouvernements auront besoin pour financer la sortie de la crise.
La place luxembourgeoise s’est forgée un rôle particulier dans la chaîne de valeur de l’industrie financière européenne. À travers notre spécialisation dans les affaires multi-juridictionnelles nous faisons fonction de trait d’union entre les investisseurs détenteurs de capitaux et les entreprises ou les projets à la recherche de financements. Pour que la finance puisse pleinement jouer ce rôle de soutien à l’économie et que les places financières comme la nôtre puissent mettre à profit des entreprises l’expertise financière dont elles disposent, il nous faut encore renforcer et approfondir l’Union européenne et son marché intérieur.
La crise du COVID-19 est interprétée par certains comme la fin de la globalisation. Or, le monde des services financiers est par définition globalisé comme le démontre le fait que nos fonds d’investissement sont vendus à des investisseurs dans 73 pays et que la Bourse de Luxembourg cote la dette d’émetteurs, d’entreprises, d’États et d’organisations internationales, provenant de plus de 100 pays différents. L’accès à des capitaux provenant du monde entier nourrit la croissance ainsi que la création d’emploi partout et assure des revenus à des investisseurs comme les fonds de pension.
Notre choix d’ambitions a également été validé par le fait que la crise actuelle donnera un coup d’accélérateur à certaines tendances bien au centre de notre vision. Il en est ainsi tout d’abord de la digitalisation qui se voit projeter en avant de plusieurs années, notamment par le recours généralisé à des moyens de communication nouveaux ou par l’augmentation significative de l’utilisation des technologies de paiements digitaux. Ensuite, le choix stratégique du Luxembourg de s’orienter vers la finance durable est également confirmé par cette crise dans la mesure où elle aura fait prendre conscience au monde l’importance du bien-être de l’humanité et de notre planète et qu’elle a démontré la résilience supérieure des investissements qui ont une stratégie durable. En troisième lieu, l’accent mis dans nos ambitions sur la dimension humaine s’inscrit parfaitement dans l’une des principales leçons à tirer de cette crise : priorité à notre capital humain.