Défis et réponses

Le progrès scientifique connaît une accélération de plus en plus forte, dans un monde de plus en plus interconnecté. Des questions avec une complexité croissante se posent et continueront à nous accompagner. Robotisation accrue, intelligence artificielle, cybersécurité, etc.: autant de thèmes porteurs pour les prochaines années.

Bien sûr, le cœur du développement reste la lutte contre le changement climatique, à laquelle est intimement liée la question de l’énergie. Les ingénieurs sont en tout cas les plus conscientisés sur les connaissances et la compréhension du développement durable. Durant toute leur formation et leur carrière, ils ont appris à étudier et à résoudre de manière performante et innovante des problèmes souvent complexes. Ils sont capables d’entreprendre partout les actions nécessaires au respect d’un développement durable, dans l’intérêt de l’environnement et de la planète.

Nous devons compter sur la science pour apporter des réponses à tous ces problèmes. Mais nous constatons, paradoxalement, une défiance irrationnelle d’une partie de la société contre les acquis scientifiques. Certains profitent sans retenue des progrès de la médecine… mais lui tournent le dos quand on parle de vaccination. On voudrait jouir d’une énergie abondante et faible en empreinte carbone, mais on refuse le nucléaire, même à titre transitoire. Tout cela se produit dans un paysage politique caractérisé par le retour d’un dangereux populisme.

Le rôle des ingénieurs et scientifiques est de contribuer à rendre le monde meilleur, malgré tous les obstacles et problèmes. Face à ces derniers, on peut évidemment critiquer, si en retour on contribue à faire des propositions pour améliorer les choses.

La vocation des ingénieurs est et restera de trouver des solutions.

L’innovation, seule réponse possible

L’innovation est le moteur de la croissance. Elle constitue aussi une réponse aux défis globaux qui se posent déjà et qui continueront à se poser aux générations futures, tels le changement climatique, la raréfaction des ressources ou le vieillissement de la population. L’innovation n’y sera en effet pas une réponse parmi d’autres. Elle est la seule réponse possible. Car elle n’est pas un simple outil, mais un esprit qui doit nous guider dans tous les domaines.

Dans cette optique, la meilleure réponse est d’investir dans l’humain. Il faut consacrer beaucoup de moyens à l’éducation, à la formation et surtout à développer la capacité à innover et à créer. Le contraire reviendrait à accepter le déclin, car, ne nous y trompons pas, notre valeur ajoutée face à la mondialisation et aux tensions qu’elle génère dans nos sociétés se situe bien dans notre potentiel à innover et à créer, notamment les emplois de demain.

Le rôle des scientifiques et ingénieurs dans ce processus est primordial à cet égard. Ils sont au cœur du processus d’innovation. Si nous voulons gagner ce défi de la connaissance, il est indispensable que nous investissions dans leur formation.

Continuer le travail de sensibilisation auprès des jeunes pour les encourager à entreprendre des études de scientifiques et d’ingénieurs reste dès lors essentiel, si nous ne voulons pas que nos entreprises soient confrontées dans les années à venir à une pénurie plus aiguë encore.

Un métier apprécié, trop peu de candidats

Or sur le sujet de la formation, on doit malheureusement constater que trop peu d’étudiants se destinent à ce métier. Cette tendance est préoccupante, car elle semble suggérer que notre société est saturée de technologie. Pourtant, il se confirme année après année que le diplôme d’ingénieur est l’un de ceux qui permettent le plus aisément d’accéder à un emploi. Ceci s’explique évidemment par la place croissante des technologies dans notre société et surtout par le fait que tous les défis majeurs en matière d’environnement, d’énergie, de communication, de santé, de mobilité, de construction… seront résolus par les innovations scientifiques et techniques. Les ingénieurs, avec leurs capacités professionnelles et leurs champs de compétences variés, sont donc en première ligne pour assurer le bien-être collectif.

De ce fait, la demande d’ingénieurs va immanquablement se maintenir à un très haut niveau ou même croître au cours des prochaines décennies. Les ingénieurs ne connaîtront pas la crise. Le diplôme donne accès à un emploi stable, correctement rémunéré avec des perspectives de progression rapide de la rémunération comme des responsabilités.

Autre aspect important : la profession d’ingénieur se féminise. Un grand nombre d’entreprises souhaitent recruter des femmes – mais ne peuvent le faire, faute de candidates… Résultat, le marché de l’emploi est encore plus favorable pour les jeunes ingénieures que pour leurs homologues masculins.

Futur

Si l’image de l’ingénieur a quelque peu pâli dans notre pays et a été éclipsée par d’autres professions comme la finance ou le conseil, elle reste très enviable. La profession continue de figurer parmi les plus appréciées du grand public.

Le Luxembourg avec son passé industriel important, avec certains de ses fleurons industriels actuels de haut niveau dispose même de quelques atouts majeurs dans le développement de nouvelles technologies.

Finalement, faut-il rappeler que nous avons besoin d’une structure économique en équilibre, d’une structure où industrie et technologies ont leur place, et donc où le métier d’ingénieur continuera à contribuer à la richesse économique de notre pays ?

Notre Association des Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg trouve ses origines dans l’industrialisation du pays, à la fin du XIX siècle. Et nous sommes fiers de pouvoir fêter cette année nos 125 ans.

Nous n’avons pas la fibre nostalgique au point d’oublier que notre histoire s’écrit au quotidien et que les enjeux énormes du monde de demain sont encore plus mobilisateurs et motivants que l’évocation du passé, fût-il glorieux.