Les fêtes de fin d’année sont passées et beaucoup de salariés ont pu espérer pouvoir garder leur emploi dans un environnement économique prospère en croissance permanente.

Néanmoins, ces croyances sont déphasées par rapport aux réalités économiques et sociales qui semblent, par ailleurs, être ignorées par de grands pans du monde politique et social au Luxembourg.

Il est surtout triste de voir dans quelle mesure les salariés, qui ont célébré la fin d’un litige social avant les fêtes de fin d’année en toute confiance par rapport à leurs représentants au niveau de l’entreprise et leurs représentants syndicaux au niveau national, subiront les frais sur base de promesses irréalistes. Les salariés concernés vont certainement s’apercevoir sous peu que le cadeau de Noël, négocié par leurs représentants salariaux, leur a effectivement permis d’avoir une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle du fait qu’ils ne seront plus obligés de travailler les weekends, mais qu’il s’agit malheureusement d’un cadeau empoisonné leur servi par leurs prétendus représentants qui les privera d’une partie de leur salaire.

Récemment, j’ai dénoncé l’approche avec laquelle d’aucuns croient pouvoir convaincre ou plutôt duper le grand public. Je réitère ma position : « le dialogue social n’est pas à sens unique ».

Il semble que la mémoire soit courte en ce qui concerne les principes essentiels, historiquement défendus par les partenaires sociaux que je suis obligé de rappeler. Ceci s’avère surtout nécessaire au vu des fausses allégations et des accusations injustifiées promulguées par les syndicats dans un passé trop récent à l’égard d’un des partenaires accusé de ne pas respecter les fondements du dialogue social et la législation applicable, ceci dans le but de pouvoir justifier la révision du cadre légal relatif aux relations collectives de travail.

Il faut rappeler qu’aucun des partenaires sociaux à l’époque de la réforme du dialogue social au début du vingt-et-unième siècle ne voulait se procurer une situation avantageuse et l’accent était mis sur un dialogue d’égal à égal dans un respect mutuel des partenaires en cause.

Voici l’extrait du commentaire des articles du projet de loi N° 5045 portant réforme des relations collectives de travail relatif aux moyens et nécessités afin de garantir un dialogue social constructif dans le cadre des négociations en vue du renouvellement de conventions collectives de travail :

« … il paraît en effet indispensable de mettre un terme définitif à une convention dont on ne veut plus, sans pourtant réussir à négocier une nouvelle; cette échéance était d’ailleurs souhaitée par les partenaires sociaux pour avoir au moins un moyen de pression motivant les efforts en vue de la conclusion d’une nouvelle convention collective; … ».

À l’époque de cette réforme, les syndicats ont, à juste titre, été considérés par les responsables politiques comme exécutants respectueux de la législation sociale. Ainsi, ils ont été considérés comme partenaires dans le maintien de la paix sociale dans les entreprises locales. Leur crédibilité en la matière a néanmoins été mise à l’épreuve récemment et il faut se demander s’ils sont toujours à même d’assumer leur mission de partenaire social respectable, et surtout, s’ils sont toujours à même de corriger les déviations de leurs militants par rapport aux législations applicables au niveau des entreprises.

Le constat des conséquences d’un échec récemment vécu au niveau d’une entreprise, d’ailleurs porté dans les médias sur base de faits incorrects, est fatal. La prise de conscience des salariés directement concernés par cet « avancement social » se fera probablement progressivement au plus tard lors de la consultation de leur bulletin de salaire.

S’y ajoute le dégât irréparable, avec une responsabilité indéniable du/des syndicat(s) impliqué(s) pouvant se prévaloir légalement de la représentativité nationale, sur le maintien de l’emploi de tous les salariés occupés par des entreprises locales alors que les investisseurs, susceptibles de leur procurer et garantir des emplois, risquent d’être fortement inquiets par ces mouvements, le cas échéant, populaires mais pourtant irresponsables.

Espérons que le sens de la responsabilité reviendra, ceci obligatoirement avant les élections sociales du 12 mars prochain.

Une prise de conscience trop tardive entraînera inévitablement des conséquences fatales pour les salariés locaux.

Marc Kieffer
Secrétaire Général de la FEDIL