Malgré une situation économique difficile qui risque de mettre en péril maints emplois, le défi majeur des entreprises établies soit au Luxembourg soit à l’étranger est actuellement de pouvoir disposer des compétences adéquates qui permettent de faire fonctionner, maintenir en activité et développer les entreprises actives dans l’ensemble des secteurs économiques.

L’attrait et la rétention des talents sont d’ailleurs une priorité thématisée dans l’accord de coalition du nouveau gouvernement en faveur des entreprises luxembourgeoises. La nouvelle coalition a aussi déclaré vouloir moderniser et mettre fin à la rigidité du droit du travail luxembourgeois.

Dans le cadre de l’annonce d’initiatives en vue de stimuler la demande dans le domaine de la construction afin d’encourager et d’accélérer des investissements générant de l’activité et procurant du travail aux entreprises du bâtiment et du parachèvement ainsi qu’à leurs fournisseurs de matériaux de construction, le futur gouvernement n’avait probablement pas envisagé le contre-courant résultant du comportement de certains représentants de salariés dont les emplois sont actuellement en péril.

Un atout indéniable du Luxembourg, par rapport à ses pays voisins et ses concurrents sur le plan international, était dans le passé la paix sociale et l’absence de conflits sociaux avec leur impact négatif sur le fonctionnement des entreprises, la continuation de leurs activités et la confiance des investisseurs potentiels.

Cet avantage compétitif est en train d’être mis à l’épreuve au vu des dernières évolutions en matière de dialogue social. Différentes entreprises ont été confrontées à des mouvements de grève et certains secteurs se trouvent exposés à des menaces de grèves sur base de prétextes fallacieux.

Est-ce qu’il faut en déduire une absence de volonté ou une incapacité des syndicats représentatifs au niveau national d’assumer leur responsabilité pour le maintien dans l’emploi des salariés représentés ou s’agit-il d’un simple jeu préélectoral en amont des élections sociales prévues pour le 12 mars 2024 ?
Indépendamment de la réponse, ce seront inévitablement les salariés prétendument représentés qui en feront les frais.

S’y ajoute la soi-disant solidarité inconditionnée et irresponsable d’acteurs publics et politiques, espérons-le dans l’ignorance du cadre légal applicable, mais se désintéressant apparemment des bases réelles du litige social, en faveur de manifestants qui ont volontairement renoncé aux avantages leur procurés par une convention collective alors que leur employeur, confronté à des problèmes économiques réels, était disposé de trouver des solutions dans le cadre du dialogue social afin de pouvoir maintenir leurs avantages et leurs emplois.

Le dialogue social n’est pas à sens unique. Il sert à trouver des solutions tenant compte des besoins, des contraintes et des défis des uns et des autres au vu de la situation à laquelle l’entreprise ou le secteur est confronté. Sinon, il n’a pas de raison d’être et tous les efforts y consacrés risquent d’être voués à l’échec. Il semble que cette compréhension élémentaire du concept du dialogue social ne soit plus partagée à l’heure actuelle.

En outre, tout dialogue doit se baser sur des positions responsables, sinon le conflit est inévitable.

Il est évident que les entreprises ont besoin de salariés motivés et engagés pour pouvoir fonctionner, mais il est aussi évident que faute d’entreprises pouvant compter sur une collaboration constructive des représentants du personnel et des partenaires politiques raisonnables et responsables, les emplois au Luxembourg risquent d’être mis en péril et les investissements risquent d’être orientés vers des pays offrant davantage de garanties et dans lesquels il est possible de trouver des solutions plus adaptées aux besoins des salariés et des entreprises dans un dialogue social constructif.

Ainsi, les préoccupations en matière d’attrait et de rétention ne valent plus seulement pour les talents, mais aussi pour les entreprises, car sans entreprises pouvant évoluer dans un environnement social accueillant, les talents devront trouver leur bonheur au-delà des frontières du Grand-Duché.

Marc Kieffer
Secrétaire Général de la FEDIL