Touchés de plein fouet par les crises à répétition, ils doivent investir dans les technologies d’avenir pour relever les défis de demain.

Début novembre, la CLEPA (European Association of Automotive Suppliers) et McKinsey & Company ont présenté les résultats de leur enquête semestrielle dans le secteur des équipementiers automobiles. Basée sur plus de 150 réponses, l’enquête fournit des perspectives sur le climat des affaires, les tendances, les défis actuels et les opportunités du secteur.

L’enquête révèle des perspectives générales mitigées, 39% des personnes interrogées ayant un point de vue négatif et 31% un point de vue positif. La moitié des équipementiers automobiles s’attendent à de faibles bénéfices, voire à des pertes, tandis que 43% d’entre eux s’inquiètent de la compétitivité de l’UE et que 41% pensent que d’autres régions ont une longueur d’avance dans la mise sur le marché de nouvelles technologies.

En 2023, 56% des équipementiers prévoient une rentabilité opérationnelle inférieure à 5%. Bien qu’il s’agisse d’une amélioration notable par rapport aux 76% de 2022, cette situation n’est toujours pas viable à long terme. Pour l’année prochaine, ce chiffre devrait encore s’améliorer un peu, avec seulement 48% entreprises prévoyant une rentabilité inférieure à 5%. Cependant, cela représente encore environ la moitié du secteur avec une faible rentabilité ou même des pertes, ce qui remet en question la capacité à financer les projets d’investissements nécessaires pour réussir la transition énergétique / décarbonation et la transformation numérique.

Bien que les perspectives globales se soient améliorées par rapport à l’époque de Covid, le secteur de l’automobile est encore largement dominé par l’incertitude. Cette situation est particulièrement due à l’instabilité des perspectives en matière de volume. D’une part, on ne sait toujours pas dans quelle mesure les volumes globaux augmenteront dans l’environnement inflationniste actuel et, d’autre part, les prévisions au niveau des plates-formes de véhicules sont plus incertaines que jamais.

L’augmentation des coûts et l’incapacité à les répercuter à 100% sur les clients restent un défi majeur pour de nombreux équipementiers. Les coûts de production élevés restent une préoccupation particulière, 43% des entreprises les considèrent comme un défi stratégique majeur, une augmentation par rapport aux 35% d’il y a six mois.

Cependant, les fournisseurs doivent faire des investissements importants pour répondre à la double transition verte et numérique afin de rester compétitifs au niveau mondial. Les coûts énergétiques, matériels et administratifs constituent un défi et affaiblissent la compétitivité de l’UE. Bien que l’industrie ait ce qu’il faut pour mettre sur le marché des technologies de pointe, elle devra redoubler d’efforts et bénéficier d’un soutien réglementaire pour renforcer son avantage concurrentiel.

En outre, 41 % des répondants craignent que d’autres régions, en particulier la Chine, dépassent l’UE en matière d’innovation technologique. Les personnes interrogées ont des sentiments mitigés quant aux risques et aux opportunités en Chine. L’enquête a révélé que 34% des équipementiers de l’automobile réduisent activement leur dépendance à l’égard du marché chinois, tandis que 29% considèrent toujours la Chine comme un élément central de leur stratégie de croissance future. Toutefois, la plupart des fournisseurs reconnaissent qu’il est nécessaire de rattraper leur retard en matière de capacités opérationnelles et stratégiques pour rester compétitifs. Seuls 17% des fournisseurs estiment que leur structure de coûts et leurs prix sont compétitifs, et 25% seulement pensent que leur cycle de développement de produits et leurs processus de prise de décision sont suffisamment rapides et agiles.

Malgré ces défis, les équipementiers de l’automobile européens restent tournés vers l’avenir, avec 21% d’entreprises priorisant l’investissement pour stimuler la croissance et 44% adoptant une approche équilibrée de réduction des coûts et d’investissements ciblés. La numérisation demeure un pilier central de la stratégie de croissance, soulignant l’importance de l’innovation dans des domaines clés tels que la R&D, la production et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Bien que le paysage des équipementiers automobiles européens soit marqué par des défis significatifs, leur détermination à s’adapter, à innover et à investir pour l’avenir est grande.

Georges Santer
Responsable digitalisation et innovation auprès de la FEDIL