Le plan de relance européen présenté par la Commission européenne le 27 mai 2020 a un poids financier suffisamment important pour permettre à l’économie européenne de se reconstruire après la crise du COVID-19. Or, pour mener la transformation de nos économies vers une économie décarbonisée, circulaire et compétitive, nous avons besoin d’innovation, de digitalisation et d’un marché intérieur véritablement fonctionnel.

La création d’un marché unique en Europe a généré un espace d’écosystèmes complexes et résilients, capables d’absorber rapidement les faiblesses d’un secteur, d’une région ou d’un État membre pour ne pas en affecter d’autres. Une reprise économique coordonnée doit donc tenir compte de ces liens étroits transfrontaliers entre les différents secteurs et entreprises, qui s’étendent à tous les États membres et au-delà des frontières européennes. Nous observons que le plan de relance de la Commission européenne ne reconnaît pas suffisamment que le simple rétablissement du marché intérieur aux niveaux d’avant la crise ne suffira pas à alimenter la relance stratégique de l’Europe. La Commission a manqué l’occasion de proposer des mesures de réforme audacieuses pour supprimer les entraves demeurantes à la libre circulation des marchandises et surtout, des services, où le potentiel de création d’emplois est le plus important.

En ce qui concerne la proposition de nouvelles ressources propres, certaines imposeraient un fardeau supplémentaire aux entreprises et risqueraient donc de nuire aux incitations à l’investissement pour celles-ci. En particulier, la proposition d’une nouvelle ressource propre « fondée sur les opérations des entreprises » qui « tirent d’énormes avantages du marché unique » risque de créer une structure d’administration et d’exécution inutile et inefficace tant pour les entreprises que pour les autorités fiscales, étant donné le chevauchement probable de tout prélèvement avec impôt sur les sociétés ou TVA. Cette proposition envoie clairement un mauvais signal de la part de l’exécutif européen. De même, une nouvelle ressource propre sous forme d’« ETS auctioning » serait un signal très négatif à l’adresse des entreprises concernées qui souffrent déjà aujourd’hui de l’absence de chances équitables due à des politiques climatiques aux ambitions et actions divergentes.

Concernant la volonté de la Commission européenne de renforcer la résilience de l’UE, il faudrait accorder la priorité aux industries déjà présentes sur notre continent et non pas par l’unique rapatriement de certaines chaînes de production. Nous sommes d’avis que cela doit se faire par le biais de soutien, de développement et de déploiement de nouvelles technologies émergentes.

S’il est vrai que l’Union devrait augmenter sa capacité technologique et renforcer son autonomie sur certains aspects, nous devons également accepter la réalité de la dépendance technologique mutuelle entre l’Europe et les autres grandes économies mondiales.

Ces considérations ne s’excluent pas mutuellement mais devraient être comprises comme se renforçant l’une  l’autre. De plus, il s’agit d’adresser les raisons pour lesquelles il y a eu un affaiblissement de nos chaînes de valeur et écosystèmes en Europe.

Alors que le paquet de relance reconnaît à quel point la capacité digitale de l’Europe est cruciale pour notre sécurité et notre prospérité, soutenant la volonté politique avec des ressources qui doivent maintenant être mises en pratique, Or, nous sommes d’avis que l’accent devrait être davantage mis sur l’importance d’améliorer la connectivité en Europe, développer nos infrastructures digitales et encourager le déploiement de nouvelles technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle. Il s’agit de canaliser les ressources financières pour soutenir la 5G, la cybersécurité, les partenariats public-privé de recherche et d’innovation et tous les niveaux de compétences numériques pour transformer l’Europe pour l’ère numérique.

La FEDIL accueille positivement que la digitalisation et le Green Deal se trouvent au cœur de la stratégie de relance européenne. Or, l’accent pourrait être mis davantage sur l’importance d’améliorer la connectivité en Europe, de développer nos infrastructures digitales et d’encourager le déploiement de nouvelles technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle.

De même, les investissements prévus pour soutenir les technologies et les initiatives nécessaires à la transition verte comme par exemple dans les énergies renouvelables, l’hydrogène, les batteries, la capture et le stockage du carbone ou les carburants alternatifs sont les bienvenus. Toutefois, des incitations pour soutenir la demande des consommateurs pour des produits et solutions à faible empreinte de carbone sont quasiment absentes ou non liées à des chiffres concrets d’investissement public.

Finalement, l’Union européenne aura besoin d’une industrie forte pour être en mesure de faire face aux conséquences socio-économiques ainsi que de préserver la prospérité et le bien-être de ses citoyens. Le Green Deal et la capacité numérique de l’Europe doivent être des piliers clés de la stratégie de relance, sans pour autant ignorer les effets horizontaux de la crise.

Angela Lo Mauro
Conseillère affaires européennes auprès de la FEDIL