Plus d’un usager de l’autoroute A13 est impressionné par le tableau multicolore composé de conteneurs, semi-remorques, wagons et grues à portique qui s’offre à lui, en passant à proximité de l’Eurohub-Sud de Bettembourg-Dudelange. Sur 100 hectares, le site multimodal héberge en effet le terminal combiné, la plateforme d’autoroute ferroviaire et la gare de triage adjacente ainsi qu’un centre routier sécurisé, des ateliers de réparation et des halls de stockage, le tout opéré par CFL multimodal.

Depuis la libéralisation du marché du fret ferroviaire dans l’Union européenne en 2006, CFL cargo, l’entreprise de fret ferroviaire de la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois, a étendu ses opérations de transport de marchandises par le rail au-delà du Grand-Duché pour offrir aujourd’hui un service de fret ferroviaire dans cinq pays européens, à savoir au Luxembourg, en France, en Allemagne, en Suède et en Belgique. Au sein de sa filiale CFL technics sont par ailleurs regroupées toutes les activités de maintenance et de réparation de wagons de fret ferroviaire, de locomotives diesel-hydrauliques et de locomotives électriques. D’aucuns ignorent que l’expertise des ateliers de CFL technics ne s’applique pas uniquement à la propre flotte, mais elle est reconnue par de nombreux clients à travers l’Europe, 2/3 du chiffre d’affaires de CFL technics étant généré par des clients non-luxembourgeois.

Depuis 2015, CFL cargo coopère étroitement avec sa société sœur CFL multimodal, qui regroupe toutes les fonctions transverses, pour offrir une large gamme de services sur l’entièreté de la chaîne logistique multimodale. Employant 1200 personnes, dont 900 au Luxembourg, les deux entreprises réalisent un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Organisé par métiers dans les filiales CFL intermodal, CFL logistics, CFL port services, CFL site services et CFL terminals, CFL multimodal assure le transport de conteneurs, caisses mobiles et semi-remorques préhensibles et non-préhensibles selon les besoins spécifiques du client, ainsi que des prestations logistiques d’affrètement, de pré – et post-acheminement routier, d’entreposage et d’agence de douane. Avec une capacité annuelle maximale de 600.000 UTI (unité de transport intermodal), le Hub multimodal est équipé des technologies les plus modernes en termes de sécurité et de surveillance et dispose d’un centre routier sécurisé doté d’installations d’accueil pour les chauffeurs routiers pendant leur pause ou temps d’attente.

Au niveau local, les activités fret des CFL servent principalement l’industrie ; le sidérurgiste ArcelorMittal détient d’ailleurs 33% des parts dans CFL cargo. Matières premières, palplanches, poutrelles, bobines et tôles se livrent un chassé-croisé dans la gare de triage avant de rejoindre les usines au Luxembourg ou dans la Grande Région, respectivement le client final.

Au niveau européen, ce sont des transporteurs de renom qui font appel aux services intermodaux pour connecter les principaux ports et centres économiques européens. Sur son réseau de trains conventionnels et de trains combinés, CFL assure les connexions vers Lyon, Sète, Le Boulou, Barcelone, Paris, Anvers, Kiel, Rostock, Poznan ou encore Trieste. Plus de 210 trains de fret conventionnels internationaux et plus de 40 trains de combinés au départ de Luxembourg circulent par semaine, ce qui garantit une grande prévisibilité aux transporteurs, amenés à acheminer tous types de marchandises, à l’exception d’animaux, de certains types de médicaments ou de matières dangereuses.

CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström
CFL multimodal, Photo: Ann Sophie Lindström

Pour Barbara Chevalier, CEO de CFL multimodal, l’objectif est de développer, à terme, les axes internationaux en Europe, plusieurs projets pour desservir le sud de la Pologne et la Roumanie étant déjà à l’étude. En termes d’empreinte carbone, le train est bien sûr à privilégier à la route sur un trajet direct, reliant par exemple Poznan en Pologne à le Boulou à la frontière espagnole. Par rapport au transport par route, le train permet de réduire les émissions de CO2 de près de 70%, les besoins en énergie sont six fois moindres, les coûts externes liés à la pollution générale causée par le bruit, la congestion des routes et les risques d’accidents, peuvent être divisés par 11. Mais tout comme pour le transport des passagers, un important travail de sensibilisation est nécessaire pour convaincre les transporteurs de marchandises d’opter pour le rail. « Il faut un changement d’organisation, un changement générationnel pour modifier les habitudes. D’ici là, un cadre réglementaire européen contraignant en matière de transport et de réduction de CO2 pourrait bien contribuer à changer les choses », souligne Barbara Chevalier.

Si les avantages écologiques du transport ferroviaire sont incontestables, les frais en relation avec le transport par rail restent élevés : au coût de l’infrastructure et au coût d’accès aux sillons pour pouvoir circuler s’ajoutent d’importants investissements pour garantir des standards de sécurité très élevés, que ce soit au niveau du matériel ou de la formation du personnel.

Gagner en sécurité, et parallèlement en efficacité, voilà aussi l’objectif principal de la stratégie de digitalisation de CFL multimodal. Une visite de la « tour de contrôle » sur le terminal intermodal nous permet de constater que les grutiers effectuent à distance toutes les opérations de manutention de conteneurs ou de semi-remorques sur les wagons. Moyennant des caméras et la retransmission numérique, le grutier saisit et déplace les conteneurs à l’aide d’un joystick à partir de son poste de travail muni de 6 écrans, qui lui permettent de visualiser les manipulations sous tous les angles. En plus d’une meilleure sécurité, ce système informatisé permet d’optimiser l’organisation de travail de l’équipe et de créer un environnement de travail plus agréable en bureau, comparé à une cabine installée en hauteur sur le portique.

Aujourd’hui, tous les trains sont également équipés de capteurs, ce qui permet de suivre leurs mouvements et positions en temps réel sur l’ensemble du réseau. « L’ultime avancée de la digitalisation pour nous serait des trains autonomes. Mais là, le chemin est encore très long à l’échelle européenne », nous confie Barbara Chevalier.

Ce progrès technologique a aussi accéléré la diversité des métiers et des qualifications auxquels fait appel CFL multimodal. Dans tous les domaines, les métiers deviennent de plus en plus spécialisés. Au niveau du recrutement, les CFL continuent de miser sur des contrats d’apprentissage lorsque cela est possible pour allier théorie et mise en pratique dès l’entrée dans la vie professionnelle et orienter la formation sur les besoins de l’entreprise. Si le recrutement s’avère de plus en plus un enjeu de taille au Luxembourg, la rétention des talents est un autre défi majeur de nos jours, auquel il faut consacrer l’attention nécessaire. Le « NOUS », c’est-à-dire la cohésion des collaborateurs et leur engagement au profit du client, figure au nombre des priorités stratégiques de CFL multimodal, à la tête desquelles on retrouve une sécurité inconditionnelle, la qualité des services, efficience et durabilité de même qu’une politique d’innovation conséquente.