La startup qui change le rapport à l’innovation
Nous sommes à Mamer, dans une rue calme. Au pied de l’entrée d’un grand bâtiment blanc, pierre et verdure s’associent. Et à gauche de la porte, une petite enseigne bleue : EarthLab.
En franchissant la porte d’entrée, c’est tout autre chose. Une pièce de bureau à la décoration modeste, voire minimaliste mais armée d’un impressionnant assemblage de matériels et d’équipements informatiques ultra modernes. De grands écrans d’ordinateurs ornent les postes de bureaux regroupés en petites équipes. Dans la deuxième pièce, deux collaborateurs équipés de casques sont installés dans des poufs, les yeux rivés vers un écran gigantesque, en plein milieu d’un rendez-vous client. Aux murs des images de l’espace. On comprend très vite qu’on est dans un environnement ayant trait au monde spatial et axé sur les technologies de pointe.
Voici donc l’univers de la startup EarthLab, leader pour les solutions innovantes combinant l’intelligence artificielle, les technologies de big data et la télédétection, afin de fournir de l’information à haute valeur ajoutée à destination du monde de l’assurance, de l’industrie et de la finance.
Tout commença en 2015, lorsque EarthLab fut créée comme joint venture par quatre actionnaires issus du monde spatial et de l’ICT, à savoir Telespazio France, e-GEOS, POST Luxembourg et HITEC Luxembourg. À la croisée entre la technologie et le positionnement stratégique et innovatif des entreprises, l’intelligence artificielle et l’exploitation de données est en passe de devenir une des clefs du futur. S’inscrivant dans cette démarche, EarthLab ne pouvait passer inaperçue et les quatre actionnaires ont rapidement bénéficié du soutien de la Luxembourg Space Agency pour sa création.
La mission de départ ? Développer des outils ciblés dans un contexte de gestion des catastrophes naturelles. L’enjeu était d’être capable de fournir aux acteurs du secteur des assurances en moins de 24 heures de la visibilité sur l’impact d’une catastrophe naturelle sur les biens assurés. Une vision de l’ampleur des dégâts permettant ainsi aux réassureurs d’anticiper les moyens financiers à mobiliser.
Se rendant compte que les assureurs ne disposaient que de peu d’informations sur les biens de leurs clients, EarthLab s’est très vite posée comme challenge d’obtenir une vision en amont des catastrophes, en développant un outil d’intelligence artificielle utilisant les images issues de satellites et différents autres types de données. Ce nouvel outil porte un nom : BKC ou Building Knowledge Center. Sur la simple base d’une adresse, l’outil permet de renseigner automatiquement un certain nombre de caractéristiques techniques d’un bien, notamment le type de toit de la maison, la superficie du bien ou encore s’il y a de la végétation mais également la présence de panneaux solaires ou de piscines.
L’outil développé a été présenté à la Commission Nationale de Protection des Données (CNPD) afin de garantir le bon respect des loi régissant l’usage des données personnelles. « L’outil cible et extrait exclusivement les données du bien assuré. », explique Thomas Friederich, CEO d’EarthLab.
EarthLab aborde un nouveau tournant avec MAX-ICS
Les projets de départ de la startup se caractérisent par une approche plutôt verticale à savoir apporter une réponse à une demande spécifique dans des domaines variés comme les assurances, l’industrie mais aussi l’agriculture ou les finances. Créer et entraîner des modèles d’intelligence artificielle manuellement représente un travail complexe et chronophage. Il faut d’abord cibler le besoin, chercher et ensuite filtrer parmi les données disponibles, celles dont leur combinaison sera capable de répondre au besoin de façon la plus précise. Une solution pour faciliter et automatiser la création de modèles et les intégrer facilement dans une chaîne de traitement globale, voilà une bien bonne idée…imaginée et aussitôt développée par l’équipe d’EarthLab, faisant d’elle une des premières startups à avoir mis en place un tel outil.
Bienvenue au monde MAX-ICS !
Si cette plateforme était initialement destinée à optimiser le travail de l’équipe en interne – notamment par l’importation automatisée de données, la possibilité d’entraîner plusieurs modèles à la fois et d’obtenir rapidement des indicateurs sur leur performance ainsi qu’accéder à une marketplace peuplée de modèles d’IA pré-entrainés, ou de set de données – l’outil a commencé à susciter une forte demande auprès de clients souhaitant l’utiliser au sein de leur entreprise. L’année 2019 est ainsi marquée par le début de la commercialisation de la plateforme MAX-ICS.
Convoitée pour sa usability, la plateforme constitue aujourd’hui l’outil-phare d’EarthLab et elle est largement utilisée par les grands groupes. En effet, sa structure permet à des équipes entières de travailler à l’intérieur d’un même espace, dans le même langage informatique, offrant ainsi aux entreprises en pleine phase de digitalisation l’occasion d’avancer plus rapidement et de façon plus efficace sur de nouveaux projets. Bref, EarthLab, c’est la startup qui change le rapport à l’innovation. Mais ça, on l’a mentionné dès le départ.
Le repositionnement de la startup se reflète également à l’intérieur de son équipe. Deux groupes se distinguent – l’un continue à travailler sur les projets client spécifiques nécessitant un savoir-faire métier précis tandis que les autres collaborateurs se focalisent sur la maintenance de la plateforme MAX-ICS et le développement de fonctionnalités nouvelles. Si certains clients se contentent d’une licence pour l’utilisation de la plateforme, d’autres peuvent bénéficier de plusieurs « packages » ou degrés de collaboration proposés par EarthLab.
« Une partie de notre métier consiste à évangéliser l’intelligence artificielle, mais il est essentiel de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une science exacte. Elle n’est pas sans faille et ne peut pas être à 100% précise. », souligne Thomas Friederich. Il ne faut pas oublier que ces outils sont développés par des personnes, des data scientists, qui ont chacun une approche personnelle au montage des sets de données nécessaires. Les collaborateurs d’EarthLab disposent d’ailleurs chacun de connaissances dans les domaines dont la startup est active.
Si le CEO d’EarthLab constate un réel intérêt pour l’intelligence artificielle dans le Grand-Duché, le niveau d’avancement et d’engagement diffère selon les entreprises et par secteur d’activité, d’où la vocation de la startup de « promouvoir, expliquer l’intelligence artificielle et faire en sorte que les entreprises au Luxembourg créent des projets dans ce sens ».