À l’heure du coronavirus, une situation sans précédent s’installe au sein de l’entreprise familiale Grosbusch. Une remise en question s’impose. Goy Grosbusch, administrateur délégué depuis 2019, nous offre un aperçu de la stratégie adoptée en temps de crise sanitaire.
Dans le respect de la tradition et de l’innovation, l’entreprise Grosbusch est désormais active près d’un siècle dans l’importation et la distribution de fruits et légumes. Depuis sa création en 1917, l’entreprise devient la référence dans son secteur d’activité au Grand-Duché, comme à travers la Grande Région.
Même si l’expertise est une des qualités principales caractérisant l’entreprise, « Grosbusch se trouve aujourd’hui face à des circonstances déroutantes, situation qui en est de même pour tous les acteurs au niveau national comme au niveau international », explique Goy Grosbusch.
Avec la fermeture du secteur HORECA et de la restauration collective dans de nombreuses entreprises, mais aussi des écoles, des maisons relais et des crèches, l’entreprise voit s’envoler une grande partie de ses clients, ce qui met en péril son équilibre économique. Il y a dix ans, l’entreprise avait inauguré avec succès le lancement de Fruit @ Office, un service qui consiste en la livraison de paniers de fruits directement dans les bureaux de leur clientèle. Encore une activité principale de Grosbusch, qui, face à la situation actuelle, a été mise à rude épreuve, étant donné que suite au confinement et à la mise en place du télétravail dans la plupart des entreprises, les bureaux se sont retrouvés en grande partie inoccupés.
Cependant, une tendance croissante, contraire aux phénomènes évoqués ci-dessus, voit le jour. Les supermarchés augmentent leurs carnets de commandes pour satisfaire la demande de consommation de fruits et légumes des particuliers. « En effet, toute la population luxembourgeoise est confinée et tous les repas sont préparés et dégustés à la maison. De plus, cette année, tout le monde a passé ses vacances de Pâques dans le pays », précise l’administrateur délégué.
Goy Grosbusch ne s’apitoie pourtant pas sur son sort et se dit « tout de même chanceux de pouvoir faire partie du secteur agro-alimentaire. Nous sommes conscients de notre rôle majeur dans cette situation difficile, et sommes heureux de pouvoir y contribuer en plaçant toujours et encore la qualité au cœur de nos préoccupations et au service de nos clients ».
Lors de l’annonce du gouvernement luxembourgeois le 18 mars 2020 sur les nouvelles mesures instaurées dans la lutte contre la pandémie, l’entreprise Grosbusch est directement contactée par le ministre des Classes moyennes, Lex Delles. Ensemble avec la FLAD – Fédération Luxembourgeoise de l’Alimentation et de la Distribution, ils réfléchissent à comment pouvoir soutenir au mieux la population. La décision a été prise de constituer le site solidaire https://corona.letzshop.lu/fr proposant une sélection de produits de première nécessité au soutien des personnes vulnérables.
E-commerce B2C : une nouveauté pour Grosbusch
Cette action éveille une nouvelle approche digitale de circuit de distribution dans l’entreprise. Grosbusch innove alors en montant sa propre plateforme B2C avec boutique en ligne. Désormais, l’entreprise assure la livraison gratuite de paniers de fruits et légumes chez les particuliers n’importe où dans le pays. Un challenge de taille, qui nécessite une solution logistique interne complète et une adaptation aux capacités de l’entreprise.
« Pour éviter les délais de livraison trop longs, engendrés par les circonstances actuelles qui imposent de travailler en équipe réduite, nous proposons également à ces nouveaux clients de venir à notre dépôt à Ellange pour retirer directement et sans contact la marchandise commandée », ajoute Goy Grosbusch.
Aujourd’hui, plus de la moitié du personnel est active sur le site, alors que 40 % sont en congé pour raisons familiales, en chômage partiel ou autre. Les équipes de Grosbusch ont su faire preuve de flexibilité pour la réorganisation et restructuration des tâches de chacun. Les règles d’hygiène ont été renforcées et appliquées à la lettre. Les employés portent masques et gants sans exception et les locaux sont désinfectés 7 jours sur 7.
Une solidarité présente
Goy Grosbusch souligne qu’« une entreprise comme Grosbusch n’a pas la possibilité de faire du télétravail. Notre personnel se trouve beaucoup dans des frigos tempérés entre 4 et 6 degrés et lorsqu’on sait que le virus reste stable dans un environnement à basse température, la communication est indispensable pour mettre en confiance les employés, qui, comme tout autre personne, ont une certaine crainte de la maladie ». L’administrateur délégué se réjouit de la motivation de ses employés ainsi que du fort esprit d’équipe, auquel il doit le bon déroulement et le succès des activités de l’entreprise pendant cette période. Voilà pourquoi l’entreprise familiale a décidé d’instaurer des primes pour remercier et motiver la présence fidèle de ses collaborateurs.
L’entreprise Grosbusch fait également preuve de bonnes actions. Elle fait don de fruits et de légumes à l’association luxembourgeoise « Stëmm vun der Stroos », qui vient en aide aux personnes en détresse. Par ailleurs Grosbusch a distribué le trop de commandes qui étaient dédiées au secteur Horeca, à des associations locales.
Une sortie de crise en douceur
En ce qui concerne la stratégie d’après-crise, Grosbusch attend avec impatience les annonces futures du gouvernement. Avec l’annonce de la réouverture des écoles, l’entreprise sait au moins déjà à quoi s’attendre d’ici fin mai. Une inquiétude par rapport à la suite se fait tout de même ressentir. L’approvisionnement de fruits et légumes est un sujet de haute importance pour l’entreprise, le manque de main d’œuvre se faisant fortement ressentir pour beaucoup de producteurs. Des sujets qui évolueront en fonction du développement du virus Covid-19.
Grosbusch souhaite prioritairement se focaliser sur les évènements actuels en faisant de son mieux pour jouer son rôle primaire dans la distribution de vitamines à la population, chose qu’il ne faut pas sous-estimer dans le cadre d’une pandémie sanitaire.