Les huit semaines compliquées que le Luxembourg a vécues, laisseront des traces dans nos esprits et surtout dans la manière d’entrevoir l’organisation au sein des entreprises. Les Professionnels du Secteur Financier de support (PSF de support) ont fait face à la situation avec résilience et accompagné leurs clients en proposant rapidement des solutions de télétravail, en garantissant la continuité des services assurant le maintien des activités essentielles et en incluant un maximum de prestations à distance, pour donner quelques exemples.
Nous avons tout de même observé quelques lacunes notamment dans les plans de continuité des activités car la situation de pandémie n’avait pas été suffisamment prise en compte. Bien sûr, cela peut se comprendre : c’est une première mondiale. Même les deux guerres mondiales n’avaient pas été « totalement mondiales ». Nous sommes donc confrontés à une situation totalement inédite et les PSF de support ont agi au mieux dans ce contexte particulier.
Un des premiers constats que l’on peut souligner, a été la bonne interaction entre les PSF de support et leurs clients pour gérer l’urgence, trouver des solutions et permettre à la place financière de tenir bon. C’est une première réussite.
Mais cette crise est loin d’être terminée. Nous entrons simplement dans une nouvelle phase, phase qu’il faudra également appréhender et gérer. Les impacts économiques restent encore à définir au niveau des sociétés PSF de support et surtout de leurs clients.
Les projets qui étaient dans les cartons se feront-ils ? Seront-ils remplacés par d’autres projets pour faire face à la nouvelle situation et surtout pour faire face à des crises potentielles dans l’avenir (en espérant que cela ne soit plus le cas) ? Les stratégies des clients vont-elles totalement changer ?
Une remarque tout de même : avant la crise, les acteurs du domaine ICT (et au-delà, l’ensemble des prestations apportées par les PSF de support) étaient très souvent considérés par la place financière (et pas uniquement) comme des prestataires nécessaires mais pas toujours critiques pour les métiers cœur des clients. Cette crise a certainement révélé que les métiers et les services proposés par les PSF de support sont également clés pour les clients et que l’ICT est un pilier de l’économie de services.
Les PSF de support sont les partenaires privilégiés pour apporter à la place financière luxembourgeoise les solutions technologiques pouvant structurer et pérenniser les services financiers vers les clients des clients et donc de limiter les impacts de ce type de crise.
Les domaines de compétence des PSF de support sont nombreux ; pour en nommer quelques-uns en termes d’exemples. Les solutions de télétravail et de collaboration, qui ont montré une efficacité certaine ces dernières semaines, peuvent davantage être développées en adaptant l’organisation des clients et en permettant une réelle virtualisation du travail en équipe.
Le thème de la digitalisation est un vaste sujet. La crise aura montré l’importance de la digitalisation au sein des entreprises et la nécessité d’accélérer la transformation. Mais qu’en est-il de projets concrets et complets ? Digitaliser, c’est transformer aussi la manière de travailler au sein de l’entreprise, c’est numériser les échanges, les signatures et les processus métier, c’est stocker les documents en s’assurant de leur conservation dans des environnements sécurisés.
S’appuyer, entre autres, sur des solutions dans le cloud peut également apporter une valeur car cela permet de rendre disponible à distance les outils de travail et donc faciliter le télétravail, en tenant compte d’une infrastructure sécurisée et dans un contexte de protection des données. Les nouvelles circulaires Cloud de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) ou encore les recommandations de l’EBA (European Banking Association) proposent une voie qui rend possible l’utilisation des solutions dans le cloud.
Autre élément qui est toujours d’actualité, voire encore plus dans des périodes de crise : la cybersécurité. Les hackers profitent de ces situations de tension pour augmenter leurs tentatives d’attaque. Les entreprises doivent être actives sur de très nombreux fronts et cela peut entraîner un relâchement d’attention dans quelques secteurs. Les pirates essaient d’en tirer parti. Une attaque importante dans une situation de crise peut impacter lourdement et sur le long terme une société. Les PSF de support sont à nouveau un pilier pour les clients afin de les protéger contre ce type de risque.
Dans un autre registre, il ne faut surtout pas oublier les fintechs dans le contexte actuel. Elles apportent des briques essentielles pour une nouvelle approche du domaine financier. La plupart d’entre elles sont aujourd’hui des startups et certaines souffrent énormément de cette crise. Mais ces entrepreneurs, de par leurs idées et leur investissement personnel, sont importants pour l’avenir du secteur financier.
Le régulateur, la CSSF, doit également revoir certaines contraintes actuelles pour permettre la mise en œuvre d’une plus grande souplesse afin de délivrer les solutions technologiques du marché qui sont incontournables dans ce type de crise. Bien sûr, il sera toujours important de s’assurer de la confidentialité des données, de la continuité des services et de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
Enfin, un dernier élément qui semble primordial : les accords trouvés pour faciliter le télétravail des frontaliers pendant la crise doivent être prolongés. C’est certainement un sujet complexe car il touche la fiscalité (accord entre États) et la couverture sociale (accord européen), mais nous avons vu au combien ces accords ont permis de détendre la situation de crise pour le pays. Sans ces accords, quel aurait été l’impact pour la place et pour ses frontaliers ? Nous voyons que le télétravail fonctionne et les collaborateurs ont souvent apprécié cette situation en leur permettant de rester efficace dans leur travail malgré l’interdiction de déplacement, garantissant ainsi la continuité du fonctionnement de leurs clients tout en échappant au chômage partiel.
Nous ne pouvons que constater que les PSF de support sont un atout indéniable pour la place financière. Expertise, Réactivité, Compétence… La modernisation de l’agréement PSF, qui est un chantier vital pour les PSF de support, semble encore plus d’actualité pour faciliter l’accès aux services et pour développer le potentiel des entreprises et le savoir-faire de la place. L’association Finance & Technology Luxembourg y travaille ardemment avec le soutien du ministère des Finances, du régulateur et des associations représentatives des clients. L’objectif reste ambitieux et un premier résultat concret est espéré d’ici la fin l’année 2020.