Implantée à Bascharage, Raval Europe est l’antenne européenne d’un groupe technologique spécialisé dans les systèmes de ventilation pour réservoirs de carburant et batteries. De start-up industrielle à maillon stratégique de la chaîne de valeur automobile, la filiale luxembourgeoise a su croître au rythme des mutations du secteur.
Fondée en 2002 au Luxembourg, Raval Europe est née de la volonté de sa maison mère israélienne de se rapprocher de ses clients européens. L’entreprise développe, fabrique et commercialise des soupapes et systèmes de contrôle des vapeurs de carburant, devenus essentiels dans la conception moderne des véhicules. À l’époque, pour décrocher le contrat de la plateforme Golf de Volkswagen, s’implanter en Europe était devenu indispensable. Le choix du Grand-Duché, soutenu par l’ancien ministre de l’Économie Henri Grethen, s’est rapidement imposé grâce à la réactivité administrative et aux incitations économiques du pays. La start-up, qui fabrique des produits de haute technicité, a ainsi trouvé son assise au centre de l’Europe, d’autres implantations du groupe se trouvant aux États-Unis et en Chine.
Après cinq années passées dans l’incubateur Ecostart à Foetz, la société a ouvert en 2008 une usine moderne à Bascharage dotée, à ce jour, de 13 lignes d’assemblage hautement automatisées. De 40 collaborateurs à ses débuts, Raval Europe en compte aujourd’hui environ 120. Alors que les activités de R&D restent concentrées au sein de la maison mère, la gamme de produits s’est développée avec l’évolution technologique des voitures et de leurs réservoirs de carburant, avec notamment l’ajout de soupapes pour véhicules hybrides et de « combo-valves ». Aujourd’hui, à l’ère de l’électromobilité, cette progression continue d’être portée par les besoins du marché.
« Nos produits suivent l’évolution des véhicules et intègrent désormais des technologies de plus en plus fines, en particulier dans le domaine des capteurs et de la sécurité des batteries »,
résume Julian Proffitt, directeur de Raval Europe depuis 19 ans. Récemment, l’offre de Raval a été étendue à des soupapes de sécurité pour batteries électriques ainsi qu’à des produits intelligents, développés en partenariat et destinés au nettoyage de capteurs intégrés de plus en plus petits.
Tous les produits qui quittent l’usine de Bascharage sont soumis à des tests fonctionnels. Car l’entreprise luxembourgeoise se distingue également par ses engagements en matière de qualité et de sécurité. Certifiée IATF 16949, ISO 45001, ISO 14001 et TISAX, elle répond aux normes les plus strictes du secteur automobile. Par ailleurs, la santé, la sécurité et l’environnement sont une priorité absolue dans l’organisation de l’usine.
Autre fait notable : 65 % des employés de Raval Europe sont des femmes, dont 80 % travaillent en production – un chiffre remarquable dans ce secteur qui, à l’instar de la plupart des entreprises industrielles, peine à recruter de la main-d’œuvre.
Un secteur automobile en mutation : entre incertitudes et relance technologique
Au-delà de la trajectoire de Raval Europe, le secteur automobile européen traverse une période charnière. L’inflation des coûts énergétiques, les perturbations géopolitiques, la concurrence asiatique et le durcissement réglementaire composent un environnement en pleine mutation technologique. Julian Proffitt, président de l’ILEA (Association des équipementiers automobiles au Luxembourg) qui est elle-même membre de la CLEPA (European Association of Automotive Suppliers), alerte sur la situation : « L’industrie automobile européenne traverse une période critique. Avec une baisse de 20% de la demande de véhicules au cours des dix dernières années, une intensification de la concurrence mondiale et des réglementations de plus en plus contraignantes, la compétitivité de nos entreprises est menacée. »
La situation reste très incertaine, sachant que les taxes d’importation sur les véhicules et composants automobiles à destination des États-Unis augmentent, dans le meilleur des cas, de 25 %, que la croissance des ventes de véhicules électriques en Europe est bien plus lente que prévu et que la Chine concurrence fortement le segment de marché des petites voitures électriques.
L’Europe peine à trouver l’équilibre entre transition énergétique et maintien de la compétitivité industrielle. La CLEPA plaide d’ailleurs fermement pour une neutralité technologique en ce qui concerne la réduction des émissions de CO₂, ce qui permettrait de promouvoir l’innovation et de garantir que les meilleures solutions, qu’elles soient basées sur des véhicules électriques, des carburants alternatifs ou d’autres technologies émergentes, soient mises en place.
Même si la Commission européenne est réticente à adopter cette approche, elle ne pourra pas se permettre de ne pas soutenir un secteur qui est un réel moteur économique, dont dépendent 13 millions d’emplois en Europe et qui consacre chaque année entre 70 et 75 milliards d’euros à la recherche et au développement.
« Nous ne sommes aucunement opposés aux exigences climatiques ou sociales, mais elles doivent rester réalistes pour les industriels. Il est fondamental de faire fonctionner le marché unique pour en tirer tout son potentiel », souligne Julian Proffitt.
Et le défi est double : poursuivre la production thermique actuelle tout en investissant massivement dans de nouvelles technologies, le tout dans une conjoncture où les coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre pèsent lourd. Un effort considérable à mener dans un contexte où la productivité devient un facteur décisif et où l’innovation est la seule voie vers la résilience.
Le Luxembourg : une base à pérenniser
Julian Proffitt se félicite que les équipementiers automobiles implantés au Luxembourg, tels que IEE, Goodyear, BorgWarner, Webasto ou Cebi, continuent en général d’investir fortement en R&D, que ce soit en matière d’électrification, d’automatisation ou d’intelligence artificielle.
Pour Raval Europe, il s’agit de pérenniser son implantation au Grand-Duché en s’adaptant au marché et en trouvant de nouveaux débouchés. C’est aussi en participant à des salons spécialisés comme le récent Battery Show Europe et l’EV Tech Expo 2025 à Stuttgart que Raval entend explorer de nouvelles opportunités, entre autres dans le secteur des poids lourds, et nouer des contacts avec de nouveaux clients. Dans ce sens, l’association européenne CLEPA œuvre aussi à mettre en relation les différents acteurs européens.
Fidèle à sa devise ‘Every challenge is an opportunity’, l’entreprise continue d’incarner une certaine vision de l’industrie : agile, spécialisée et ancrée dans la transformation durable de la mobilité.